On n’est pas là pour disparaître
Une plongée vertigineuse dans la conscience d’un homme souffrant de la maladie d’Alzheimer, interprétée par l’époustouflant Yuming Hey.
Monsieur T. a poignardé sa femme. Interrogé par la police, il n’a pas semblé être concerné par son propre cas. L’expertise des médecins a conclu qu’il avait succombé à une crise aiguë de démence, manifestation exceptionnelle de la maladie de A. Telle est l’entrée en matière de ce spectacle poignant adapté du roman d’Olivia Rosenthal, récompensé en 2007 par le prix Wepler-Fondation La Poste. L’autrice y décrit dans une langue fluide et précise la perte d’identité, de repères et l’effacement progressif de l’humanité d’un homme souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Le metteur en scène Mathieu Touzé confi e à Yuming Hey la narration et l’interprétation des multiples figures de cette histoire : le malade, ses proches et ses médecins. Autant de voix qui s’entrecroisent, tentant de ramener Monsieur T. à des souvenirs qui lui échappent sans cesse. Le comédien, seul en scène dans un décor blanc sur lequel glissent des images vidéoprojetées, est parfois rejoint par la troublante voix off de Marina Hands. On connaît la grande palette de jeu de Yuming Hey, aussi gracieux en Mowgli dans la comédie musicale Jungle Book de Bob Wilson, que fascinant dans la série d’anticipation Osmosis. Il est ici magnétique, portant avec force et douceur la polyphonie tourmentée de ce texte.
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