Istiqlal
Tamara Al Saadi compose un portrait de femmes irakiennes sur cinq générations, entre histoire, fiction et poésie. Une évocation passionnante et percutante.
Une langue existe-t-elle dans le corps même si on ne peut pas la parler ? Et avec elle tout son ancrage socio-politique ? C’est la question qui mine Leila, d’origine irakienne, à qui sa mère n’a pas voulu apprendre l’arabe. Lorsqu’elle se met en couple avec Julien, photographe de guerre, son histoire d’amour va vite trébucher sur de l’incommunication et de la désillusion.
Dans Istiqlal (« Indépendance » en arabe), Tamara Al Saadi poursuit sa recherche sur ce que l’on ne voit pas dans les intimités et les interactions sociales mais qui peut être rendu visible sur scène. Elle décompose et recompose la narration, entrelace ou explose les espaces et les temporalités, assure ou déstabilise ses personnages. Cet amour frictionnel devient ainsi la métaphore de la relation entre Orient et Occident, anciens colonisateurs et colonisés, masculin et féminin. Leila est traversée par les figures féminines de sa famille, une transmission transgénérationnelle qui se révèle autant une entrave qu’une force libératrice. Sur scène, des comédiennes et femmes puissantes qui enchantent.