La Vrille du chat

On dit que les chats retombent toujours sur leurs pattes et qu’ils ont neuf vies. Car le chat, toujours, échappe au danger. Dans La Vrille du chat, cinq artistes circassiens agiles comme des félins revisitent l’art de l’acrobatie. Sous l’œil avisé d’un matou noir énigmatique, ils évoluent dans un décor ingénieux et protéiforme. À partir de situations ancrées dans le quotidien, ils composent un thème narratif et le déclinent à l’infini, usant avec humour et virtuosité du ralenti, de l’accélération, du stop motion ou encore de la marche arrière. Ils ont quelque chose de Tati et de Buster Keaton, ces acrobates formés à Bruxelles, Montréal et San Francisco, avec leurs corps muets et paradoxalement si éloquents. Complices de longue date, leur joie d’être ensemble se propage en plaisir contagieux.

[3aklin] Jacqueline Ecrit d’Art brut

Ils s’appellent Annette, Jacqueline, Jules, Sacha… Leurs textes témoignent d’un même besoin vital de s’exprimer, en dehors de toute tradition et norme esthétique. De leurs jaillissements spontanés et inventifs, qui interloquent autant qu’ils enchantent, Olivier Martin-Salvan puise la matière d’un spectacle théâtral réjouissant. Il fait entrer en résonance ces textes étranges, souvent drôles, parfois visionnaires, toujours profonds. Poussant son jeu et son corps dans leurs retranchements, il offre une performance à la limite de la transe, ponctuée par les chants et paysages sonores de Philippe Foch. Leur duo nous emplit de ces voix marginales, inconnues de la littérature et pourtant essentielles, comme un éblouissement, une poésie brute qui nous habitera longtemps.

La Tortue de Gauguin

Luc Amoros a entendu dire que lors de l’un de ses séjours aux Marquises, Paul Gauguin eut l’idée de peindre à même la carapace d’une jeune tortue vivante, égarée sur une plage. Il s’est plu à penser que grâce à la longévité dont jouit cette espèce, une œuvre du peintre continue, aujourd’hui encore, de sillonner les grands fonds dans son petit musée ambulant… Dans La Tortue de Gauguin, un musicien et une récitante occupent le premier niveau d’une impressionnante structure métallique et, aux étages supérieurs, six peintres s’activent derrière des toiles transparentes. Chacune des toiles ne représente qu’une partie de la grande image offerte, et c’est sans jamais rien voir du travail de ses pairs que chaque peintre contribue à l’œuvre collective. Ce ballet monumental est un bouillonnement de sons et de couleurs.

Le Retour d’Ulysse

Seule à Ithaque, Pénélope se lasse d’attendre Ulysse, au désespoir de son serviteur Albinus, chargé de veiller sur sa vertu. Lorsqu’un prétendant, Coqsigru, lui fait croire que son époux est mort, elle chavire… Le Palazzetto Bru Zane met au jour une œuvre d’Hervé, compositeur qui inventa l’opérette avant que son ami Offenbach n’en devienne l’ambassadeur vedette. Constance Larrieu habille ses chansons à l’humour ciselé d’un décor aux couleurs pop et d’une mise en scène mixant ingénieusement mythologie et références actuelles. Les cinq interprètes, emmenés par un pétulant trio de chanteurs lyriques, excellent avec une précision métrono-mique dans la gestion du tempo musical et du timing des effets comiques. Un moment jubilatoire qui ravira les spécialistes de l’opéra-bouffe, les amateurs de vaudeville et les amoureux de pépites musicales.

Alors Carcasse

Mais qui est donc Carcasse, personnage aussi fragile qu’obstiné ? Il se tient debout sur un seuil qu’il voudrait franchir et ne sait pas comment. Avide d’humanité, riche de désirs, de craintes et de refus, il nous ressemble étrangement… Reliant théâtre, marionnettes et arts plastiques, Bérangère Vantusso s’empare de la langue douce et intense de Mariette Navarro, récompensée en 2012 par le Prix Robert-Walser. Manipulant une série de tiges de bois, les interprètes traversent le texte à la manière des récitants du théâtre de marionnettes japonais. Par traits et mouvements successifs, ils produisent des images fugaces de ce héros, distillant sa présence sans l’incarner. Tour à tour personnage, décor, sentiment, vision intérieure : Carcasse nous échappe pour mieux nous saisir, de sa voix singulière et inspirante.

Optraken

Avant qu’Optraken ne commence, c’est un véritable paysage d’objets suspendus qui attire l’œil et éveille la curiosité. Et voilà que tout se met en branle : des sacs de farine et des plaques de plâtre tombent du ciel, des balles de tennis jaillissent de toutes parts, des chaises se dérobent… Dans un capharnaüm ludique et poétique, les corps échappent sans cesse à la grande valse des objets. Grâce à des trésors d’inventivité technique, les actions les plus simples se muent en douce folie. Les cinq acrobates de haut vol du Galaktik Ensemble signent un premier spectacle trépidant, sorte de manuel de survie dans un environnement hostile. Avec eux, le geste acrobatique devient une capacité à éprouver l’imprévisible et une intelligence propice à s’organiser de manière solidaire pour résister aux chocs.

La Nuit des rois

En 1602, Shakespeare composait une comédie étonnamment transgressive. La Nuit des rois, référence à la douzième nuit après Noël durant laquelle tous les dérèglements sont permis, met en scène neuf personnages hauts en couleurs que les quiproquos et les travestissements mettent sens dessus dessous. Le mélancolique duc Orsino aime l’austère comtesse Olivia, qui bientôt tombe sous le charme du page Césario… qui n’est autre que la jeune Viola déguisée en garçon. Les malentendus et la duperie font voler en éclats la bienséance et révèlent les affres du désir, au-delà de l’âge et du genre. Avec une troupe d’acteurs pétulants et brillants, Clément Poirée tisse avec adresse le grotesque, le burlesque et le loufoque pour nous mener vers des contrées carnavalesques et joyeuses.

Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner

Seine-Saint-Denis, foyer d’accueil d’urgence pour mineurs de 13 à 17 ans. Un petit monde où les coups et les insultes sont l’unique condition de survie. Arrive une actrice, qui veut les initier au théâtre… Jean-Louis Martinelli a pour projet d’aider à faire naître un répertoire contemporain, en donnant la parole à ceux que l’on n’entend pas assez, ceux que l’on ne veut pas voir. Avec Christine Citti, il compose une pièce puissante et vitale, inspirée des rencontres entre la comédienne et les adolescents en grande précarité de ces foyers. Christine Citti les a longtemps regardés et écoutés avant de s’autoriser à écrire. Ses mots, entre récit de vies et fiction, résonnent sur le plateau presque nu, portés par une jeune troupe de comédiens étonnants.

Tamao

Tamao est une tortue sous-marine qui sort de son œuf et, bientôt, commence à explorer le vaste monde des océans. Un requin gourmand, une étoile de mer scintillante, une méduse à la nage rapide : elle croise tous les habitants de son écosystème jusqu’à rencontrer… le grand amour ! Alors elle revient sur la plage de son enfance, pour elle même donner naissance à des bébés tortues. Dans ce ciné-concert imaginé pour les plus petits, un film d’animation en papier découpé rencontre l’art du bruitage en direct. Sur le plateau, deux comédiennes racontent les aventures de Tamao en musique et en chansons, grâce à un clavier et à d’abracadabrants instruments aquatiques inventés pour l’occasion. En forme de voyage initiatique et poétique, cette création évoque la joyeuse histoire du cycle de la vie.

Lobby

Ils ont posé leurs valises dans le monde entier, enchaînant les tournées et les concours. Pas étonnant que les huit danseurs virtuoses de la compagnie Tie Break aient choisi comme source d’inspiration le hall d’un hôtel. Concierges affairés, grooms maladroits, clients exigeants : le ballet effréné de ce petit monde est propice à l’invention de saynètes et de performances acrobatiques rivalisant d’audace et d’humour. Aux commandes de ce spectacle revigorant, on reconnaît quatre anciens breakers des Pokemon Crew, groupe de battle le plus titré au monde. Associant les prouesses du hip-hop au théâtre, au nouveau cirque et à la comédie musicale, leur jeune compagnie tient toutes ses promesses : utiliser la danse pour nous divertir et partager son message positif.