Esquif

18 musiciens soufflant dans leurs instruments, en équilibre sur un madrier soutenu par une bouteille de gaz… : cette scène spectaculaire et onirique est à l’image des nombreuses visions qui se succèdent dans ce spectacle. Le goût du risque y est tant musical qu’acrobatique. Le Surnatural Orchestra invite trois membres du Cirque Inextremiste – compagnie qui nous avait enchantés avec Extrêmités en 2014 – et une funambule de la compagnie Basinga. Sur le plateau se tissent les rencontres impromptues entre cette fanfare, l’homme-diabolo, la danseuse de fil, le clown… Ensemble ils composent une ode à l’aventure collective et à la solidarité, dont l’audace renforce la beauté. Une proposition à ne pas rater

Carmen(s)

Elle est la bohémienne, l’amoureuse passionnée, l’insoumise préférant mourir plutôt que de renoncer à sa liberté : la figure de Carmen porte en elle une force qui nous parle encore aujourd’hui. José Montalvo s’empare de ce mythe universel pour lui offrir une vitalité et une profondeur nouvelles, dans un métissage de couleurs et d’esthétiques dont il a le secret. La danse contemporaine y croise le flamenco et le break dance. Le chant moderne et les intermèdes parlés s’y mêlent sans complexe avec la musique de Bizet. Quant aux images, jaillissant à profusion sur scène et sur grand écran, elles semblent démultiplier les 16 interprètes en autant d’identités, de cultures et d’expressions du désir. De ce ballet bouillonnant on ressort avec l’envie de s’écrier : Carmen, c’est moi !

Visite du Théâtre

Suivez le guide, des loges jusqu’au gril, traversez le plateau et découvrez l’envers du décor.

Samedi 16 septembre à 14h
dans le cadre des 40e Journées européennes du patrimoine

Quelqu’un va venir

Un jeune couple acquiert une maison isolée en bord de mer pour laisser s’épanouir leur idylle solitaire loin des regards du monde. Mais la maison est décatie. Quelques vitres brisées et à l’intérieur, les fantômes du passé qui rôdent. Et, bien sûr, quelqu’un va venir… Cette pièce, écrite en 1996, probablement la plus belle œuvre du dramaturge contemporain norvégien Jon Fosse, nous plonge dans l’intimité d’un couple bousculée par l’apparition d’un inconnu. Une présence masculine obsédante, envoûtante – désirée ?, qui va semer le trouble dans la tête des occupants de la maison.

Dans cette nouvelle création, Nicolas Laurent, déjà accueilli à Sartrouville avec Meaulnes en 2019, nous propose un spectacle qui fait appel à tous nos sens. Des écrans vidéo sur scène et des casques audio à disposition, plongeront le public dans le paysage du drame à travers le bruit du vent et des vagues. Une expérience sensorielle et immersive en tête à tête avec les comédiens et avec la langue de Jon Fosse, poétique et rythmique, qui n’en finit pas de nous hypnotiser.

Vania / Vania

Deux scénaristes travaillent sur leur Vania, mais rapidement, leur désaccord éclate à propos de son dénouement… Vania, leur personnage principal, doit-il se tuer pour sortir de l’impasse ? Ou doit-il assumer, vivant, ses désillusions et sa frustration ?

S’inspirant de la pièce Oncle Vania et de L’Esprit des bois, texte que l’auteur russe écrivit dix ans plus tôt, Clément Poirée propose une mise en abyme de ces deux versions d’un même récit. Dans l’une, Vania tire sur son beau-frère Sérébriakov pour l’empêcher de vendre le domaine familial mais le rate. Dans l’autre, il retourne l’arme contre lui et se suicide. La fameuse scène du coup de feu constitue ici le nœud d’une intrigue fascinante, où les visions bientôt irréconciliables des deux scénaristes déploient devant nous les affres et les vertiges de l’écriture. Sur le plateau, le bureau exigu des auteurs, peu à peu envahi par les personnages d’Oncle Vania, va s’agrandir progressivement jusqu’à les submerger.

À la vie !

Disons-le sans ambages, dans À la vie ! il sera question de mort. N’est-ce pas le point commun qui réunit toute l’humanité, le rapport à la fin ? Le plateau de théâtre pour conjurer le sort, affronter ses démons pour mieux goûter la vie. Lehaïm !

La même équipe que pour Saint-Félix traversera ce nouvel opus construit en trois temps, trois lieux : le théâtre, l’hôpital et l’Assemblée nationale. Jouer à mourir ou visiter la grande galerie des morts illustres sur scène, quoi de plus jouissif ? Et si l’on poussait l’enquête à l’hôpital pour être au plus près de ceux qui sont « near death » ? La mort est-elle une affaire de décision personnelle ? Qui choisit le moment du grand saut ? Que signifie « c’est fini » ? Toutes ces questions qui nous dépassent sont rebattues chaque jour dans les couloirs des soins intensifs par les médecins, les familles et les patients. Elles sont reprises, dans toute leur complexité, par le centre d’éthique clinique qui a beaucoup inspiré le spectacle. Elles agitent aussi les débats des parlementaires. Au croisement du politique et de l’intime, la mort nous entraîne sur la voie passionnante du doute mais aussi de récits profondément humains. Plongée dans l’arène socratique.

La Faute

En février 2010, la tempête Xynthia s’abat sur les côtes vendéennes un jour de grande marée. Dans le lotissement pavillonnaire de La Faute-sur-Mer submergé par l’océan, 29 personnes périssent. Tandis que les survivants pleurent leurs proches et que l’État prépare la reconstruction, certains sinistrés s’organisent en association et commencent à douter : pourquoi des pavillons ont-ils été construits à cet endroit-là, sous le niveau de la mer ?

La pièce de François Hien, qu’il a écrite à la demande des metteurs en scène Angélique Clairand et Éric Massé, s’offre la liberté de la fiction pour explorer les multiples questions soulevées par cette catastrophe. Construite à la manière d’un polar, elle dépasse le cadre d’une enquête conduisant à incriminer les responsables de l’urbanisation du littoral, pour mieux s’attacher à décrire notre comédie humaine, aux prises avec ses contradictions, ses ambiguïtés, son cynisme. Six comédiens, incarnant une dizaine de personnages – sinistrés, élus, avocate ou promoteur – portent ce récit choral d’une densité et d’une intensité rares.

L’Enfant inouï

Seul à la maison pendant que ses parents travaillent, Henri s’adonne à son loisir favori : les livres. Sauf qu’il ne les lit pas, mais les mange. Doté d’un appétit insatiable, le garçon dévore bientôt des bibliothèques, développe un pouvoir inouï… et tombe malade.

Sylvain Maurice s’associe au compositeur Laurent Cuniot pour emmener les enfants vers le plaisir de l’opéra. Henri et les adultes qui l’entourent prennent corps dans le timbre léger et saisissant de la chanteuse lyrique Raphaële Kennedy. La flûte, la clarinette et les percussions rythment les péripéties et restituent, au-delà des mots, les dimensions poétiques et ludiques du récit. La vidéo offre, quant à elle, des prolongements visuels étranges et fantastiques à cette fable où l’arbre succulent des livres nous dévoile la forêt nourrissante de la connaissance.

Féminines

Saviez-vous que la première Coupe du monde de football féminin eut lieu en 1968 à Taipei et qu’elle fut remportée par l’équipe de France ? Au départ de cette aventure, l’organisation d’un match pour la kermesse du journal de Reims L’Union. Comme une blague… Pourtant, onze femmes vont alors monter sur le terrain, un entraîneur se prendra à leur jeu et une équipe mythique naîtra.

Poursuivant son travail autour de l’identité et de la transformation, Pauline Bureau raconte les trajectoires de sept femmes, pour qui l’apprentissage du ballon rond va devenir une source d’émancipation et de libération personnelle. De leur foyer jusqu’aux vestiaires, de Reims à Taipei, on les suit dans cette ascension irrésistible, galvanisées par un coach maladroit et bienveillant qui apprend son métier en même temps qu’elles. Un spectacle dont on ressort avec l’envie d’élargir ses rêves et de tout oser pour redonner du sens à sa vie !

Ce spectacle a été récompensé par le Molière de l’auteur·trice francophone vivant·e pour la metteuse en scène Pauline Bureau en 2022.

Phèdre !

Initialement joué en salle de classe devant des lycéens, Phèdre ! a été pensé comme un « cheval de Troie » : à partir de la pièce de Racine inscrite au programme, créer une forme théâtrale contemporaine propice à installer un rapport décomplexé et joyeux avec l’œuvre. Une invitation réjouissante qui a valu à cette « conférence-spectacle » écrite par François Gremaud de se poser également dans les théâtres devant des publics de tous âges, férus d’art classique ou profanes.

Romain Daroles, en « conférencier » enflammé, nous raconte la tragédie tout en la commentant pour nous en faire goûter l’immense richesse. Rien n’est oublié, des origines mythologiques de Phèdre (petite-fille du Soleil et demi-soeur du Minotaure) à la force de l’amour qu’elle porte à son beau-fils Hippolyte, en passant par la merveilleuse langue de Racine. Emporté par l’admiration sans bornes qu’il porte au texte, il finira par en interpréter les personnages, réveillant notre imaginaire par la seule force de sa parole, de ses gestes, et du livre qui lui sert d’accessoire de jeu. Sa performance, drôle et passionnante, retourne à l’essence du théâtre pour distiller une joie essentielle !