Le spectacle interroge la fascination collective autour des crimes, des récits que l’on s’en fait et de la façon dont ils irriguent la fiction. Qu’est-ce que la production médiatique et culturelle raconte de notre société ? À sa manière, absurde et décalée, le collectif Mind The Gap répond à cette question en imaginant un spectacle composite, fabriqué avec des références cinématographiques et quelques litres de faux-sang, dans un jeu de massacre qui joue avec les attentes du public. Le spectacle est construit autour de deux univers fictionnels qui se répondent. La première partie est traitée comme une fiction radiophonique bruitée en direct par les interprètes. Les sons y activent un imaginaire collectif, celui de la forêt, de la nuit, des histoires racontées au coin du feu. La seconde est une scène de meurtre qui se déroule dans une cuisine, à la manière du film Scream, répliquée ad nauseam en de multiples variations tandis que se dévoile peu à peu la mécanique de cette fabrique artisanale du meurtre.
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Evenements du CDN
Seuil
“Vous m’avez tuéR”. Une nuit, Mattéo, 14 ans, laisse un message sur les réseaux sociaux avant un inquiétant silence. Deux jours après, la police intervient au collège et interroge Noa, interne de la chambre 109. Témoin principal ou suspect, Noa devra répondre de ses actes, lui qui dit n’avoir rien fait. Conçu à la manière d’un jeu de piste impliquant plusieurs acteurs du collège, Seuil joue sur différentes temporalités pour reconstituer les pièces du puzzle.
L’autrice Marilyn Mattei a imaginé cette histoire après qu’un principal lui a fait part d’une série d’agressions sexuelles entre garçons survenue dans son établissement, perçue par beaucoup – notamment le père de l’un des bourreaux – comme un simple jeu. Par la fiction, Seuil questionne le consentement et la façon dont le modèle viril contemporain, marqué par la violence, se construit encore à travers des rites de passage.
Jazz partage #1
Chez Abraham Réunion, la danse créole flirte avec la chanson, le scat avec l’impro, la mazurka avec les congas. Étoile montante de la nouvelle scène jazz française, le groupe réunit trois frères et sœurs : Cynthia au chant, Clélya au piano et Zacharie à la contrebasse. Ensemble, ils déploient un univers aussi foisonnant que réjouissant, au carrefour des cultures caribéennes, jazz et classiques. Invité par le trio, le maestro Arnaud Dolmen enveloppera à la batterie les titres aériens, feutrés et profondément ancrés dans la tradition africaine de cette première partie.
Au programme du second plateau, le pianiste et compositeur Grégory Privat nous régalera de ses mélodies puissantes et lumineuses, entre acoustique et électro, entouré de ses fidèles partenaires Chris Jennings à la contrebasse et Tilo Bertholo à la batterie. Son jeu l’a imposé, en six albums et de nombreuses collaborations avec des artistes internationaux, comme l’un des musiciens les plus vibrants de sa génération. Ce natif de la Martinique, fils du pianiste du groupe antillais Malavoi, imprègne sa musique de culture créole, de spiritualité et d’une sensibilité à fleur de peau, que viendront sublimer les percussions de Boris Reine Adelaide, invité exceptionnel du trio.
Jazz partage #2
En quarante ans de carrière, il a créé des formations devenues mythiques, distillé les envolées nerveuses de ses claviers aux côtés des plus grands instrumentistes, et il n’en finit pas de se réinventer. Maître incontesté de l’orgue Hammond, Emmanuel Bex sera également le maître de cérémonie de cette soirée. Avec son fameux Bex’tet, trio orgue-guitare-batterie, l’artiste arpente dans son dernier disque les chemins du blues, plongeant son swing inimitable et son tempérament volcanique dans la couleur bleue. Pour nous permettre d’en savourer toutes les nuances, le trio s’entoure de la chanteuse et guitariste afro-américaine Natalia M. King et du chanteur tchadien Abdoulaye Nderguet. La première, New-Yorkaise d’origine dominicaine, promène depuis vingt ans son timbre captivant, son deep blues, ses ballades soul et ses accents folk sur la scène internationale. Le second, considéré comme l’une des plus belles voix du Tchad, fait surgir l’âme du blues du fond de ses racines africaines, égrenant de sa voix puissante les chants de séduction, de révolte ou d’ironie. Ensemble, ils nous feront voyager à travers tous les métissages de cette musique profondément libre qui, il y a plus d’un siècle, enfanta le jazz.
Phœnix
Comment les événements récents nous ont-ils impactés et transformés ? Ils sont douze danseurs, hommes et femmes, à avoir puisé dans leur intériorité et leurs émotions pour répondre à cette question. Vêtus de costumes couleur terre brûlée, ils évoluent sur un plateau nu ciselé de lumières, enveloppé de musiques aux influences techno, classique ou atonale. De l’ombre à la lumière, de la transe à l’extase, de la solitude à la communion, ils ont créé avec Josette Baïz les différents tableaux chorégraphiques de ce spectacle en forme de renaissance.
En 1992, Josette Baïz créait la compagnie professionnelle Grenade, quelques années après avoir fondé le groupe éponyme, composé d’enfants et d’adolescents. Parmi les danseurs de Phoenix, certains ont cheminé depuis leur enfance aux côtés de la chorégraphe, qui les a nourris de son propre univers artistique, tout en intégrant la culture apportée par chacun : orientale, asiatique, africaine ou urbaine. L’esprit d’ouverture, de partage et de recherche collective a ainsi forgé un répertoire riche d’une quarantaine de spectacles joués sur les plus grandes scènes de France. Un métissage unique qui renforce toute la beauté de Phoenix.
Isabelle
Isabelle a 7 ans, elle parle et crie trop fort, connaît Mozart par cœur, bouillonne de désirs et laisse exploser ses révoltes. En réalité, Isabelle a 45 ans. Sa différence bouleverse, embarrasse et dérègle la vie bourgeoise de ses parents. Autour d’elle, lors des retrouvailles du week-end à la campagne, les ombres du passé resurgissent et les failles intimes se révèlent.
Joachim Latarjet poursuit le travail d’exploration de sa mythologie familiale. Après avoir raconté l’exil maternel et l’arrachement à ses origines grecques, il plonge dans les tempêtes intérieures d’une famille confrontée au handicap, celui de sa tante Isabelle. Alexandra Fleischer incarne celle qui fut une force de la nature, extraordinaire de vivacité et d’énergie, aimée de tous… même si on l’aurait voulue plus transparente, plus normale. Le metteur en scène puise la force de son théâtre dans la matière des souvenirs, l’expression à fleur de peau des émotions et la liberté grisante d’une musique, omniprésente, interprétée et chantée avec ses cinq partenaires de jeu. Cette musique, qui était la passion d’Isabelle et de ses parents, reflète à elle seule la recherche fragile d’harmonie de cette famille au cœur éclaté.
La Fête des Roses
Penthésilée, jeune reine des Amazones nouvellement couronnée, est follement éprise d’Achille, jeune héros grec. Cet amour – qui est réciproque – est cependant conditionné par la nécessité de conquérir l’être aimé sur le champ de bataille. Achille accepte par conséquent de se faire passer pour prisonnier de Penthésilée, alors qu’en réalité elle est sa captive. Ignorante du « coup monté », la reine des Amazones confie à son amant l’histoire de son peuple, qui a réchappé à la mort en créant une tribu entièrement composée de femmes. Mais, découvrant qu’elle a été dupée par Achille, elle perd la raison et le tue avant de succomber à son tour.
La Fête des Roses s’inscrit dans la continuité de ma mise en scène du chef-d’œuvre de Kleist la saison passée – spectacle qui n’a pu se jouer du fait de la crise sanitaire. Ainsi ai-je réuni autour de Norah Krief, tour à tour récitante et personnage, les musiciens Dayan Korolic et Rishab Prasanna pour rejouer le destin de la reine des Amazones. Penthésilée, jeune reine qui porte l’histoire terrible de son peuple meurtri par la violence des hommes, tente de démêler entre son désir véritable et le destin qui lui est imposé : comment accéder à son désir quand l’héritage est si lourd ? Elle prendra le risque d’essayer de vivre sa passion, au risque de la démesure et de la folie. Sylvain Maurice
Un jour, je reviendrai
Un homme renaît à la vie après un coma. Tout en réapprenant les gestes les plus simples à la manière d’un petit enfant, il observe cette situation avec toute sa causticité d’adulte. L’hôpital devient alors la toile de fond dont il se nourrit pour écrire une comédie grinçante. On le retrouve quelque temps plus tard : c’est un auteur et metteur en scène trentenaire, en rémission, parti aux Pays-Bas pour la tournée d’une pièce.
Ce voyage, dont il pressent qu’il sera le dernier, est l’occasion de porter un regard sur ses amours passées, mais surtout sur le théâtre qui a structuré sa vie. Un jour, je reviendrai est constitué de deux récits autobiographiques de Jean-Luc Lagarce, L’Apprentissage et Le Voyage à La Haye. Entre émotion et ironie, l’artiste y fait son ultime « tour de scène », comme un chanteur ou un comédien ferait sa tournée d’adieux avant de s’éclipser. Sylvain Maurice retrouve ici Vincent Dissez à la suite de Réparer les vivants (d’après le roman de Maylis de Kerangal). Ensemble, ils célèbrent la créativité d’un des dramaturges les plus importants du xxe siècle dans un autoportrait sans complaisance qui regorge de vie.
La Vallée de l’étonnement
Sammy Koskas découvre, à la faveur d’une conversation avec son employeur, qu’il est doué d’une mémoire exceptionnelle : non seulement il retient tout sans effort, mais il est capable de performances inouïes. Il rencontre par conséquent une équipe de scientifiques qui diagnostique que Sammy est synesthète : il associe son et couleur, mots et images, etc. Et ce don se révèle si important chez Sammy, qu’il est engagé pour un grand show, où il devient un mentalisme exceptionnel, « un véritable phénomène », provoquant un succès considérable.
Mais bientôt les représentations se révèlent difficiles et Sammy s’aperçoit que sa mémoire sature et qu’elle n’est pas infinie. Et malgré différentes tentatives pour le soulager, Sammy finit par renoncer à la scène… Ce « craquage » est l’occasion pour Sammy de découvrir une nouvelle conception de la mémoire, débarrassée de la performance. Des souvenirs anciens, intimes et douloureux, resurgissent du passé. Et alors que la science se révèle impuissante à trouver l’origine neurologique du don de Sammy, celui-ci s’attache à un travail sensible sur lui-même et commence à assembler les pièces d’un passé oublié.
Alexandros Markeas et Sylvain Maurice proposent, pour leur seconde collaboration, de mêler la magie du théâtre à l’effervescence de la musique et du chant pour nous conter les aventures aussi touchantes que spectaculaires de Sammy Koskas, en s’inspirant de l’œuvre de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, The Valley of Astonishment, créée en 2015 aux Bouffes du Nord, puis en tournée internationale.
Réparer les vivants
Au début, il y a la mer, la vague, la houle que les surfeurs rejoignent au petit matin. Le jour se lève, on croit sortir de la nuit quand on s’y enfonce profondément. Cette vague, elle ne nous lâchera plus, comme la longue et ample écriture de Maylis de Kerangal. Ce roman a fait des vagues depuis sa sortie en 2014 avec 140 000 exemplaires vendus et une dizaine de prix littéraires.
Pourtant, a priori un sujet grave : la mort d’un jeune homme et les vingt-quatre heures de la transplantation de son cœur dans un autre corps. Un compte à rebours traversé par l’espoir et la vie, traversé d’histoires intimes, celles de personnages hauts en couleur, les parents, les figures du monde médical, passionnées et humaines. Emportés par ce récit grave, vital, magnifique, Vincent Dissez et Joachim Latarjet sont les maillons d’une chaîne, dont Sylvain Maurice nous fait mesurer la fragilité et la force.