Möbius

Les artistes de la Compagnie XY ont le don de se réinventer à chaque création, tout en restant fidèles à leurs domaines de prédilection : la pratique des portés, l’acrobatie en grand groupe et l’exploration d’un espace sans cesse élargi. Ils nous avaient enthousiasmés avec Le Grand C et Il n’est pas encore minuit. Cette fois, c’est sous l’impulsion du chorégraphe Rachid Ouramdane qu’ils poussent leurs gestes acrobatiques vers de nouveaux vertiges visuels. Les murmurations, ballets en vol coordonné que l’on observe chez les étourneaux, sont la source d’inspiration de ce spectacle pour dix-huit interprètes. Jouant des effets de lévitation, de slow motion, d’accélération, d’envols et de déflagrations, le groupe forme une nuée instable et fragile au mouvement sans fin. Tandis que la danse dessine dans l’espace les motifs de cet essaim tourbillonnant, porteurs et voltigeurs propulsent la danse vers les hauteurs, de sauts majestueux en pyramides périlleuses. Un ballet à la beauté sidérante.

Nous, dans le désordre

Ismaël a 20 ans. Subitement, il décide d’aller s’allonger à l’orée de la forêt, en laissant à ses proches quelques mots aussi radicaux qu’énigmatiques : « Je vais bien. Je ne dirai rien de plus. Je ne me relèverai pas. » Sa famille et ses amis, bientôt rejoints par des inconnus, se relaient à son chevet pour tenter de comprendre son geste.
Estelle Savasta, auteure du spectacle hic et nunc (festival Odyssées en Yvelines 2018), met en scène une fable sur la transgression qui nous saisit, quel que soit notre âge, par les questions qu’elle pose. Qu’est-ce qui nous lie les uns aux autres ? Les nombreux personnages de cette histoire, incarnés par cinq comédiens, se soutiennent et s’affrontent, dans la douceur ou la violence, pour essayer de trouver des réponses. Un spectacle à la beauté envoûtante, traversé par un texte fort, des images en clair-obscur inspirantes et une musique aérienne.

Acqua Alta

Après le succès de Pixel (leur co-création avec le chorégraphe Mourad Merzouki, accueillie en 2016), Claire Bardainne et Adrien Mondot nous invitent à vivre une nouvelle expérience à la croisée des mondes réels, virtuels et imaginaires. Une femme et un homme nous emportent sous la pluie, au creux des vagues et contre le courant. On pénètre avec eux dans un univers fantastique où des flots d’encre noire abritent d’étranges méduses… Trois variations d’une même histoire, trois formats singuliers.

• Acqua Alta – Noir d’encre : un spectacle de théâtre visuel, mêlant danse et images numériques vivantes
(55 min, à partir de 8 ans)

• EXPOSITION EN ENTRÉE LIBRE
1h30 avant et 1h après les représentations / le mercredi de 14h à 18h30
• Acqua Alta – La traversée du miroir : un livre dont les dessins et les volumes en papier forment les décors de l’histoire visible en réalité augmentée
(15 min,  à partir de 8 ans, accompagné d’un adulte)
• Acqua Alta – Tête-à-tête : une expérience en réalité virtuelle où l’une des scènes est vécue de façon immersive dans un casque individuel
(3 min,  à partir de 13 ans)

Jazz partage #3

Timbre chaud, sincérité débordante et swing fringant : Sara Lazarus est l’une des voix incontournables du jazz féminin. Victorieuse du prestigieux concours international Thelonious Monk, elle a écumé les grands festivals en solo ou en groupe, avec l’American Youth Jazz Band ou Biréli Lagrène. Entourée d’un piano, d’une contrebasse et d’une batterie, elle puisera dans le réservoir des standards pour laisser libre cours à sa spontanéité, et posera son vibrato délicat sur des morceaux portant les marques indélébiles de Cole Porter, Billie Holiday ou Duke Ellington.
Le souffle cuivré du saxophoniste Olivier Témime rejoindra ensuite ce trio instrumental pour accueillir Michele Hendricks, l’une des maîtresses incontestées du scat et grande spécialiste d’Ella Fitzgerald. Fille de Jon Hendricks, jazzman acclamé avec qui elle a arpenté la scène dès son plus jeune âge, Michele a multiplié, au fil de sa carrière, les collaborations avec des monstres sacrés tels que Stan Getz, Count Basie, Benny Carter, Al Jarreau ou Herbie Hancock. Auteure, compositrice et arrangeuse, elle glissera la modernité de son swing dans des chansons devenues mythiques et des classiques instrumentaux auxquels elle a ajouté des paroles.

La Mouette

Jeune auteur avant-gardiste, Constantin est rejeté par Nina, qui lui préfère un écrivain célèbre. Il cherche désespérément la reconnaissance de sa mère, tandis que son oncle malade affronte l’idée de la mort.
Après avoir ausculté un drame familial dans Festen (accueilli à Sartrouville en 2018) et mis en scène Isabelle Adjani dans Opening Night, Cyril Teste s’attaque à une pièce majeure de Tchekhov. Dans cette nouvelle performance filmique, l’écriture théâtrale repose sur un dispositif cinématographique en temps réel et à vue. La maison de campagne où se déroule l’intrigue en est un personnage à part entière. Aux prises avec le désir de créer, l’amour non partagé et leurs rêves inassouvis, les huit interprètes y évoluent, de scènes chorales en moments intimes, suivis par des caméras. Elles saisissent leurs états émotionnels, l’énergie d’un geste ou la magie d’une présence, tandis que le travail minutieux du hors-champ traque l’intériorité de leurs sentiments dans l’envers du décor. Sur des toiles blanches, le temps du cinéma surgit dans le présent du théâtre, et les frontières se brouillent entre réel et fiction. Une prouesse artistique et un choc esthétique.

Calek

Calek Perechodnik, juif polonais, est ingénieur agronome. Après des études en France, il rentre en Pologne en 1937 et épouse Anna, avec qui il a une petite fille. Quelque temps après, ils déménagent dans le ghetto de Varsovie. Puis vient août 1942.
Charles Berling adapte et met en scène un texte majeur, qui raconte le sort d’une famille pendant l’occupation allemande, et le combat d’un homme qui puise la force de supporter la perte et la destruction. Survivant poussé par la nécessité impérieuse de témoigner, l’auteur a couché sur le papier les heures sombres de l’oppression, la vie dans le ghetto et les moments dramatiques qui ont précédé la déportation de ses habitants. Que puis-je écrire ? C’est la question lancinante qui traverse son journal, un texte fulgurant d’une quinzaine de pages où la description du quotidien se mêle au récit de l’insoutenable. Des mots écrits au présent qui nous parviennent, encore brûlants et chargés de la certitude que les feux du racisme et de l’intolérance ne sont jamais complètement éteints.

Elektrik

Apparue en banlieue parisienne au début des années 2000 et rapidement devenue l’emblème d’une génération, l’électro est une danse caractérisée par des mouvements de bras ultra-rapides, une gestuelle sophistiquée, une énergie frénétique. Huit danseurs, parmi lesquels trois champions de France et un champion du monde de la discipline, réinventent sur scène l’ambiance des night-clubs et des battles de rue, enchaînant les prouesses techniques dans un ballet entêtant.
Aux commandes de ce spectacle ébouriffant et haut en couleur : la chorégraphe espagnole Blanca Li, dont l’exubérance d’Electro Kiff avait déjà électrisé le Théâtre de Sartrouville en 2014. Sur des musiques baroques, des morceaux électroniques et techno, l’artiste compose une mosaïque de tableaux contrastés au fil desquels chaque interprète, seul ou en groupe, révèle sa puissance, sa sensualité et son univers artistique personnel. Tous nous communiquent leur joie de danser, infatigables jusqu’aux rappels !

Wonder Woman enterre son papa

Magnifier et transformer en bêtes de scène des acteurs sociaux peu reconnus, tout en rendant un hommage vibrant à son père disparu : tel est le projet de Sophie Cusset, qui nous invite à plonger dans le quotidien d’un Ehpad. On aurait tort de ne pas la suivre tant ce spectacle engagé et nécessaire distille la joie, le spectaculaire et la grandeur des relations humaines qui circulent dans ces établissements.

L’artiste compose un cabaret sombre et lumineux, où la théâtralité la plus débridée se mêle aux chansons, aux monologues intimes et aux percées oniriques. Quatre comédiennes emmènent ce ballet virevoltant, tour à tour résidente, aide-soignante, animatrice, fille, directrice… La truculence des dialogues rappelle les films de Bacri et Jaoui, la noirceur en moins et les paillettes en plus. Les sujets sensibles ne sont pas laissés de côté pour autant : les moyens qui manquent, le personnel à cran, le business qui rôde autour de la fin de vie. On rit et on pleure en compagnie de ces Wonder Women, super-héroïnes de tous âges qui pulvérisent les tabous.

Une femme se déplace

Si vous aviez le pouvoir surnaturel de voyager dans le temps de votre propre vie, où iriez-vous ? Que changeriez-vous ?
Tel est le défi qui attend Georgia, professeure de littérature dont le quotidien paisible va soudain se dérégler, au point de faire vaciller toutes ses certitudes, de remettre en question ses désirs et ses choix. David Lescot et Ludmilla Dabo, qui en 2019 nous ont transportés avec Portrait de Ludmilla en Nina Simone, se retrouvent pour une comédie musicale à la fois légère et profonde, digne héritière des bijoux cinématographiques signés Demy-Legrand, et que Broadway peut bien nous envier. Elle est menée tambour battant par dix chanteurs-comédiens et quatre musiciens, qui manient les mots, le chant et la danse avec virtuosité. De scènes intimistes en tableaux de groupe, d’instants théâtraux désopilants en échappées vocales bouleversantes, on se laisse envoûter comme Georgia par cette expérience aussi grisante que réjouissante.

Monstro

Nous avons le regret de vous informer que nous sommes contraints d’annuler ce spectacle

Le Collectif Sous le Manteau réunit sept circassiens spécialistes du mât chinois, qui renouvellent les formes de leur discipline en suivant ce credo : « Ensemble nous allons plus loin que nous ne le ferions seuls. »
Dans ce spectacle, ils réinventent une pratique habituellement solitaire et inscrite dans la verticalité pour créer un espace collectif, qui se joue aussi à l’horizontale et en diagonale. Démultipliant les trajectoires sur, entre et au milieu de sept mâts de hauteurs différentes, ils expérimentent leur individualité, négocient les conflits, domptent leur peur…
Chacun pour soi ou tous pour un, ils mettent en scène le monstre orgueilleux et peureux qui dort en nous, mais aussi l’élan qui nous pousse à dépasser en groupe nos limites et nos préjugés. Ils nous transmettent ainsi un plaisir monstre !