Meaulnes (et nous l’avons été si peu)

Meaulnes surgit dans la vie monotone du jeune écolier François Seurel. Fasciné par ce nouvel ami, il se jette avec lui sur les chemins de l’aventure en quête d’une « fête étrange », dont Meaulnes a été le témoin lors de sa fugue vers  le « domaine mystérieux ». Dans cette très libre adaptation du roman culte d’Alain-Fournier, les blouses d’antan et les chapeaux de fête se sont changés en projections et mapping vidéo. À la manière d’une chasse au trésor, on embarque à la suite des personnages, et le roman commence lui aussi une vie nouvelle.

Car adapter Le Grand Meaulnes, c’est courir le risque de se confronter à ses errances, ses mystères, ses énigmes. Comment passe-t-on d’une page de roman à une scène de théâtre ? Entre respect du texte et improvisations, les acteurs nous entraînent dans une relecture sensible et ludique de ce roman d’aventures intérieures.

Traviata – Vous méritez un avenir meilleur

La Traviata est l’un des opéras les plus célèbres. La musique de Verdi, le livret de Francesco Maria Plave inspiré de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, l’interprétation inoubliable de Maria Callas participent de sa légende. Le destin de cette courtisane dévoyée, son histoire d’amour avec le fils d’un grand bourgeois continuent de nous toucher. Cette longue fête qui se conclut dans la ruine et la mort nous fascine encore par la beauté de ses excès.

Dans le même espace, les musiciens mêlés aux chanteurs-acteurs explorent la fougue lyrique de Verdi autant qu’ils incarnent les personnages de La Dame aux camélias. De cet entrelacement des œuvres, naît un jeu entre le parlé et le chanté, entre le français et l’italien. L’occasion pour les acteurs de se mettre à chanter pour dire plus, pour dire autrement, pour dire autre chose.

Celui qui tombe

Imaginez un plancher suspendu, en perpétuel mouvement : balançoire improbable, trapèze, tourniquet… Ce dispositif entraîne dans sa course folle six individus. Désorientés et ivres de vertige, ils redoublent de prouesses acrobatiques pour dompter ce sol qui ne cesse de se dérober. Tout proches d’eux, au plus près du risque, à glisser, à se laisser porter, ramasser, rouler… on rit et on tremble.

« Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas sur scène que ce que l’on fait n’est pas parlant ! » Yoann Bourgeois

Vanishing Point. Les deux voyages de Suzanne W.

Tout débute dans un garage de la banlieue de Montréal. Tandis que Suzanne laisse tourner le moteur de sa voiture, commence un voyage dans ses souvenirs vers le Grand Nord québecois. Vanishing Point, c’est le point de fuite ou le point de rencontre de trois personnages en quête d’amour. Leurs histoires s’enchevêtrent sur fond de légendes amérindiennes et d’airs blues-rock-country des musiciens de Moriarty.

Avez-vous déjà parcouru, au cours d’un spectacle, des milliers de kilomètres, traversé des forêts, longé des lacs gelés, bravé une tempête au côté d’un inconnu ? Par un dispositif cinématographique inventif, Marc Lainé nous place au cœur d’un voyage immobile. Par la magie des mots, des images et des sons, il nous embarque là où le réel et le mythe se croisent, où la vie et  la mort se frôlent.

Rain

Un rideau de pluie, fait de fines cordelettes, encercle les dix danseurs. Au sol, on devine le tracé de parcours géométriques. La pièce se développe en variations, en canons, en miroirs. Elle part d’une simple marche, puis le mouvement trouve mille façons de ricocher d’un corps à l’autre. Poussés par les vagues rythmiques de la musique, les danseurs s’abandonnent à une irrépressible énergie collective…

Rain est tendu sur la partition de Steve Reich. Music For 18 Musicians est l’une des œuvres musicales les plus séduisantes du xxe siècle : claire, ample et vertigineuse. Sous nos yeux, la musique donne naissance à une danse jubilatoire, pulsionnelle. Un choc esthétique et émotionnel ! Après Rain, le déluge…

Ceux qui errent ne se trompent pas

Maëlle Poésy s’inspire d’un roman du Prix Nobel de littérature José Saramago pour nous emmener dans une étonnante fiction politique. Entre conte fantastique et comédie noire.

Étoile montante du théâtre français, programmée au 70e Festival d’Avignon et à la Comédie française à l’automne, Maëlle Poésy interroge ici la démocratie et le pouvoir. À travers une situation fantastique qu’elle pousse à son paroxysme, elle convoque un réalisme magique mêlant théâtre, danse, musique et vidéo. Pour nous mettre face à la fragilité d’un système qu’on croyait immuable.

Knee Deep

On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Les acrobates de la compagnie Casus viennent nous prouver le contraire. Ils marchent sur des œufs, caracolent au trapèze comme en apesanteur, s’escaladent pour former des totems humains… Multipliant défis et prouesses, ces quatre artistes font de leur corps un spectaculaire moyen d’expression.

Avec eux, c’est un minimum d’artifices pour un maximum d’effets ! Ces quatre mousquetaires renversent les codes du cirque traditionnel pour l’emmener vers l’épure et la poésie. Dans un spectacle riche en trouvailles, ils nous bluffent avec des numéros que l’on croit connaître et qu’ils réinventent pour le plaisir des petits et   des grands. Avec eux, on retient notre souffle. On frissonne. On est dans le cirque jusqu’au cou !

La Bonne Nouvelle

Trois femmes et trois hommes quadragénaires, appartenant à la classe dominante, racontent leur histoire. Premiers de la classe, anciens élèves de grandes écoles, cadres dirigeants, conseillers ou experts, ils ont mené le monde, l’ont façonné. Ils ont sincèrement cru que le bonheur des peuples et son avenir passaient par les réformes structurelles, les ajustements budgétaires, la flexibilisation du marché du travail, la dérégulation du secteur financier. Ils ont aimé avec passion la modernité, la mondialisation et le marché. Puis un jour, ils ont cessé d’y croire.

Ces libéraux repentants viennent dire l’effondrement de leurs rêves. À coup de Power Point, sitcom et Talk show, ils exposent leur crise de foi. Évidemment, c’est une comédie…

Disgrâce

Dans l’Afrique du Sud post-apartheid, nous voilà sur les pas de David Lurie, professeur blanc, cinquantenaire, afrikaner. Un homme en perdition dans un pays qui a changé, qu’il ne comprend plus et dans lequel il va brûler. Les cendres de ce monde sont celles de la domination d’une aristocratie blanche. Comment vivre quand les blessures du passé pèsent si lourd sur l’histoire collective et individuelle ? Huit comédiens restituent dans un chassé-croisé tendu la chute d’un homme qui rate son époque, faute d’avoir regardé son réel dans les yeux.