Trois femmes et trois hommes quadragénaires, appartenant à la classe dominante, racontent leur histoire. Premiers de la classe, anciens élèves de grandes écoles, cadres dirigeants, conseillers ou experts, ils ont mené le monde, l’ont façonné. Ils ont sincèrement cru que le bonheur des peuples et son avenir passaient par les réformes structurelles, les ajustements budgétaires, la flexibilisation du marché du travail, la dérégulation du secteur financier. Ils ont aimé avec passion la modernité, la mondialisation et le marché. Puis un jour, ils ont cessé d’y croire.
Ces libéraux repentants viennent dire l’effondrement de leurs rêves. À coup de Power Point, sitcom et Talk show, ils exposent leur crise de foi. Évidemment, c’est une comédie…
Dans l’Afrique du Sud post-apartheid, nous voilà sur les pas de David Lurie, professeur blanc, cinquantenaire, afrikaner. Un homme en perdition dans un pays qui a changé, qu’il ne comprend plus et dans lequel il va brûler. Les cendres de ce monde sont celles de la domination d’une aristocratie blanche. Comment vivre quand les blessures du passé pèsent si lourd sur l’histoire collective et individuelle ? Huit comédiens restituent dans un chassé-croisé tendu la chute d’un homme qui rate son époque, faute d’avoir regardé son réel dans les yeux.
Sont-ils des rescapés de la fin du monde ? Ou des êtres d’avant l’humanité ? Dix danseurs en bande, en meute, circulent, hésitent, piétinent, se cognent, mimant l’impossibilité d’être ensemble et l’incapacité à rester seul. Inspirés de l’humanité fragile de Samuel Beckett, ces clowns grotesques touchent au plus juste l’absurdité de nos existences.
Joyau du répertoire de Maguy Marin, May B a fait le tour du monde depuis sa création en 1981. Chaque fois désarçonnant le public, à la fois saisi par le rire et impressionné par la force de cette danse-théâtre révolutionnaire. Entre chorégraphie viscérale, mise en scène théâtrale et époustouflant travail plastique, le spectacle brille toujours par son audace. Un grand moment à partager !
Un plateau nu, un cahier redécouvert dans un grenier par un adulte sans âge, et l’aventure commence… Dans le château de son père, Ellj s’ennuie pendant ses trop grandes vacances. Un jour, l’enfant entend la voix d’une petite sœur inconnue cachée dans l’encrier, qui lui demande de la délivrer. Il largue alors les amarres ou plutôt jette l’encre de l’aventure. Sur son cahier d’écolier, il retranscrit les aventures fabuleuses de ce grand voyage. La scène devient radeau, île déserte, banquise…
L’aventure pour Joël Jouanneau passe aussi par la langue, sa richesse et ses embûches, la liberté prise avec la conjugaison et l’orthographe. Par l’étrangeté de cette langue inventée, on retrouve la parole du marin conteur chère à l’auteur. Il nous invite à rêver les yeux ouverts, à la conquête de ce temps d’enfance, cet éternel présent.
A l’instant fragile du coucher, une petite fille peine à s’endormir. Elle tourne, tournicote, tourneboule dans son lit. Le sommeil n’arrive pas… Pour l’accompagner dans ce périple nocturne, sa maman lui raconte alors le secret de la naissance des étoiles. Il y a très longtemps deux lunes brillaient dans le ciel sans qu’aucune petite lumière ne leur tienne compagnie…
Du décor familier de la chambre, on bascule dans l’univers magique de ce conte poétique et merveilleux dit à la manière des griots. L’espace se construit au fil des mots, comme une œuvre plastique évolutive et féérique. Ce voyage sensoriel au cœur du mystère de la nuit invite les tout-petits à comprendre que s’endormir fait partie de la danse joyeuse de la vie.
Entre grands standards et compositions originales, Agathe Jazz Quartet souffle un vent de fraîcheur dans le paysage du jazz français. Sur scène, la chanteuse Agathe Iracema est véritablement envoûtante : sa voix veloutée, son incroyable présence scénique et sa belle maturité artistique font d’elle la digne héritière des grandes divas du jazz.
Baignée dans la musique depuis son enfance, cette jeune parisienne tire de sa culture franco-brésilienne une précieuse richesse musicale. Avec Ella Fitzgerald, Betty Carter ou encore Sarah Vaughan comme références, sa voix délicate et souriante tisse avec originalité un répertoire mâtiné de bossa nova. Entourée de ses musiciens, elle nous livre sa vision lumineuse d’un jazz moderne et intense, un courant musical plus vivant que jamais.
Jacob Von Gunten est fils de bonne famille, rien ne le prédestine à entrer à L’Institut, c’est une démarche volontaire, une forme de renoncement. Obéir sans discuter est une discipline du corps et de l’âme qui lui procure de curieux plaisirs. Sans le vouloir, il déstabilise l’autorité car le plaisir qu’il éprouve à devenir un « beau zéro tout rond » se transforme en transgression. Révolté Jacob ? Non. A l’écart, naïf et délicatement subversif comme un enfant qui n’aurait rien perdu de sa spontanéité radicale.
Bérangère Vantusso installe dans cette micro-société ses marionnettes hyperréalistes pour interroger la dialectique du maître et de l’esclave. Ce conte mystérieux a été présenté au Festival d’Avignon 2016.
« Du reste il y a beaucoup, beaucoup d’esclaves, parmi nous autres hommes modernes orgueilleusement prêts à tout. Peut-être sommes-nous tous quelque chose comme des esclaves, dominés par une idée universelle grossière, irritante, toujours en train de brandir son fouet. » R. Walser
Peer Gynt raconte des histoires. Pour faire enrager sa mère, pour la distraire aussi, pour séduire Solveig surtout, si pure et si fragile. Il vit la réalité comme la fiction, et inversement. A la recherche de lui-même, il part à l’aventure, fonce là où ses pas le mènent, sans rien construire. Fidèle à ses origines et à ses rêves d’enfant, il veut en réparer les blessures. Même si c’est à coup de mensonges ! Grandir, Peer Gynt ne veut pas. Choisir, il ne veut pas non plus.
Sylvain Maurice a imaginé cette histoire fabuleuse comme un cabaret drolatique et philosophique, avec quelques chansons et une pincée de magie.
« Ase : Peer tu mens
Peer Gynt : Non je ne mens pas
Ase : Alors jure que c’est vrai !
Peer Gynt : Pourquoi jurer ?
Ase : Tu vois, tu n’oses pas !
Peer Gynt : Non, c’est vrai – Tout est vrai ! »