Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette se partagent au plateau l’impressionnante trajectoire de vie et d’engagement de Gisèle Halimi. La voix de l’avocate féministe, dans le timbre de sa jeunesse et de son plus grand âge, retentit, raconte, interpelle dans la mise en scène épurée de Léna Paugam, qui en a découpé la matière dense dans les entretiens entre Gisèle Halimi et Annick Cojean, publiés sous le titre Une farouche liberté aux éditions Grasset.
A partir d’un découpage en quatre chapitres (« De l’indiscipline », « De l’engagement », « De la sororité », « De l’indignation »), les deux actrices évoquent ses grands combats, le premier étant une « grève de la faim » entamée à 10 ans pour ne plus servir ses frères. Ils seront sans répit, de la lutte anticoloniale pour l’indépendance de l’Algérie jusqu’à celle pour l’auto-détermination du peuple palestinien. Menacée de mort par l’OAS pour sa défense des militants du FLN et de Djamila Boupacha, œuvrant pour le droit des femmes à se réapproprier leur corps et à pouvoir avorter librement, Gisèle Halimi sera sur tous les fronts jusqu’à son dernier souffle. Une force de vie et de transformation transmise avec enthousiasme
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Evenements du CDN
OctOpus
Issu·es pour la plupart de la quinzième promotion du CNAC (Centre national des arts du cirque) et aujourd’hui installé·es à Saint-Agil, un petit village du Loir-et-Cher, les artistes de Cheptel Aleïkoum sont épris de liberté et de métissages. La multiplicité des sensibilités et des points de vue est la clé de voûte de leurs spectacles, insolites et partageurs. Sous toutes les formes et pour tous les publics, sous chapiteau, en salle, dans la rue, les membres de la troupe ne cessent de renouveler la relation à l’autre. Circa Tsuïca, un ensemble composé de circassien·nes multi-instrumentistes et chanteur·euses, en est l’une des formes les plus inventive.
Cette nouvelle création mêle musique populaire et fanfare des Balkans, jazz de la Nouvelle-Orléans et leurs propres compositions. Des chants et des rythmes viendront résonner et s’inviter dans les portés ou le vélo acrobatique, le main à main et les colonnes à trois, la bascule coréenne ou le hula hoop… Des expérimentations fantaisistes et impertinentes, pleines d’humour et d’émotions.
Si Vénus avait su
Fidèle à une démarche profondément ancrée dans le réel, la Compagnie Nova puise dans son travail d’immersion le matériau sensible et politique nécessaire à ses créations. Pour l’écriture et la conception de Si Vénus avec su, Margaux Eskenazi et Sigrid Carré-Lecoindre sont parties à la rencontre de ces métiers invisibilisés, les socio-esthéticiennes, des passeuses d’âmes et de soin. Après un long temps d’enquête sur différents territoires, où elles ont interrogé le lien entre beauté et invisibilité dans des structures où la question du soin est trop souvent passée sous silence, Margaux et Sigrid ont cherché à produire un récit poétique et drôle des corps à la marge.
Si Vénus avait su est une ode aux corps différents, accidentés et cicatriciels. Une ode à la réparation libérée de toute injonction. En tissant l’intime au politique, cette forme en itinérance avec une actrice et un acteur, se prépare à voyager sur le territoire dans des lieux nondédiés pour ouvrir le dialogue avec chacune et chacun autour de nos corps et nos vulnérabilités.
Le Bal marionnettique
L’amour et la mort donnent rendez-vous aux rôdeur·euses de la nuit pour danser tant qu’il en est encore temps. Danser sur nos illusions perdues, danser sur nos doutes et nos joies. Danser érotique, politique, ludique mais surtout marionnettique. Cent trente marionnettes à jupes longues et colorées, objets marionnettiques – dentiers, chapeaux-masques – et costumes attendent sagement sur les portants de part et d’autre de la scène.
Il n’y a plus ici ni public ni acteurs ou actrices, ni spectateurs ou spectatrices, mais seulement une foule accueillie au bal pour mettre en mouvement cette multitude d’êtres inanimés. En famille, entre amis ou avec vos voisins, entrez dans la danse et laissez-vous emporter. Car si vous ne venez pas à elles… les marionnettes viendront vous chercher !
Promo du Web à 13€ sur la séance du dimanche
Français·es du futur
L’histoire de ces coquelicots, je l’ai découverte en arrivant à Montréal quand Saïd est venu me récupérer à l’aéroport. Après quelques minutes d’une conversation où l’anglais se mêlait au français, j’ai osé lui demander la signification de ce coquelicot qu’il arborait fièrement à la boutonnière. « Ces fleurs portées par tant de gens dans la rue commémorent la mémoire des Canadiens tombés pour la libération de l’Europe… – Mais tu es né en Syrie et tu vis au Canada depuis seulement dix-sept ans ! – C’est vrai, mais mes enfants sont tous nés au Canada, alors si je ne suis pas un Canadien du passé, je suis un Canadien du futur. » Je restai muet, méditant cette évidence. Si les Français·es ne sont pas tous des Français·es du passé, ils et elles sont tous des Français·es du futur.
Autour de cette idée, nous vous invitons à livrer vos témoignages, lors d’ateliers à la croisée des pratiques artistiques, que je co-animerai avec l’auteur et metteur en scène Ahmed Madani. Une restitution sera présentée au public à l’occasion de l’événement « Il va y avoir du sport ! ».
Abdelwaheb Sefsaf
Libre arbitre
Après Le Syndrome du banc de touche, Léa Girardet et Julie Bertin poursuivent leur investigation sur la place des femmes dans le monde du sport à travers l’histoire de l’athlète sud-africaine Caster Semenya. Médaille d’or des championnats du monde d’athlétisme de Berlin en 2009, la jeune femme, alors âgée de 19 ans, se vit imposer un test de féminité. Déclarée « intersexe », elle dut subir un traitement hormonal pour pouvoir revenir à la compétition. Le combat judiciaire de Caster Semenya jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’homme, et à travers elle celui de toutes les femmes ne répondant pas aux normes de genre, est le fil conducteur de cette pièce écrite au plateau avec quatre comédiennes vitaminées. Campant tous·tes les protagonistes de cette histoire, elles mettent ici en accusation le sexisme autant que le néo-colonialisme. Que l’entre-soi sportif se soit construit dès l’origine sur l’exclusion des femmes, on le savait, mais il doit désormais compter avec leur révolte et leur affirmation de sujet libre.
Des chimères dans la tête
Une petite fille voit défiler dans sa tête des créatures étranges avec lesquelles elle improvise des jeux et se raconte des histoires incroyables. Elle les dessine et rêve de voir ses personnages s’animer et sortir de sa feuille, prendre le large. Dans cette pièce chorégraphique son rêve devient réalité. À partir des dessins conçus par la plasticienne Françoise Pétrovitch, le chorégraphe et directeur du Ballet du Nord Sylvain Groud compose, avec deux danseuses et un danseur, ainsi que le vidéaste et musicien Hervé Plumet, une pièce sur la métamorphose qui invite les enfants à sortir de tous les cadres et à transgresser les normes.
Dans ce dialogue inédit entre des artistes de différents univers, qui explorent les frontières entre la réalité et l’imaginaire, le rêve et le cauchemar, le visible et l’invisible, nous sommes tous invité·es à réveiller la part d’enfance qui sommeille en chacun·e de nous. Une expérience sensible du geste poétique et dansé à partager en famille.
Flavia Coelho
Elle a parcouru tous les chemins du monde : des morros de Rio de Janeiro, aux rues pavées de Paris, Flavia Coelho est chez elle là où elle se sent accueillie. Depuis son arrivée en France en 2006, elle a rempli un Olympia et tourné partout, de l’Afrique au Canada en passant par l’Europe et l’Inde. Chaque fois, cette Carioca dans l’âme rapporte avec elle des sons, des couleurs et des envies… Mixer pop, samba, reggae, forro, bossa et hip-hop ? Tout est possible pour cette artiste complète ! Bouclier à la morosité actuelle, véritable kaléidoscope rythmique et musical, sa musique nous transporte aux quatre coins du monde.
Après quatre albums et de nombreuses collaborations – avec Ibrahim Maalouf, TéTé, Gaël Faye –, Flavia Coelho revient plus inspirée que jamais, avec un nouvel album studio, prête à faire vibrer les cœurs et les corps. Une soirée festive, explosive et mémorable à ne pas manquer.
En première partie, découvrez l’électro-tropicale de Luiza, une jeune artiste qui transporte nos esprits de sa voix magique, distillant au passage un savant mélange, de musique traditionnelles (Brésil, Réunion, Balkans) et de grooves urbains (Électro-pop,dub…).
Istiqlal
Une langue existe-t-elle dans le corps même si on ne peut pas la parler ? Et avec elle tout son ancrage socio-politique ? C’est la question qui mine Leila, d’origine irakienne, à qui sa mère n’a pas voulu apprendre l’arabe. Lorsqu’elle se met en couple avec Julien, photographe de guerre, son histoire d’amour va vite trébucher sur de l’incommunication et de la désillusion.
Dans Istiqlal (« Indépendance » en arabe), Tamara Al Saadi poursuit sa recherche sur ce que l’on ne voit pas dans les intimités et les interactions sociales mais qui peut être rendu visible sur scène. Elle décompose et recompose la narration, entrelace ou explose les espaces et les temporalités, assure ou déstabilise ses personnages. Cet amour frictionnel devient ainsi la métaphore de la relation entre Orient et Occident, anciens colonisateurs et colonisés, masculin et féminin. Leila est traversée par les figures féminines de sa famille, une transmission transgénérationnelle qui se révèle autant une entrave qu’une force libératrice. Sur scène, des comédiennes et femmes puissantes qui enchantent.
Divorce sans mariage
Assassiné le 15 mars 1962 par un commando de l’OAS, l’écrivain algérien Mouloud Feraoun n’aura pas connu l’indépendance de son pays, proclamée le jour même de ses obsèques. Il laisse un journal passionnant, écrit pratiquement durant toute la guerre (de 1955 à 1962). Celui-ci a bouleversé toutes les personnes qui l’ont lu. Avec Divorce sans mariage, le metteur en scène Walid Bouchebbah porte au théâtre ce témoignage exceptionnel qui condamne radicalement la violence aveugle, et notamment celle du FLN, mais surtout celle de la colonisation et revendique « le droit à la légitime défense des opprimés devant les oppresseurs… » La pièce est une succession de tableaux qui restituent la vie quotidienne du peuple algérien, dans toutes ses figures, héroïques ou martyrisées, et affirme : « La vérité c’est qu’il n’y a pas eu mariage… Les Français sont restés étrangers ». Elle est interprétée par les comédiens Fodil Assoul, Mourad Oujite et le musicien Farouk Boutajine, tous formés au prestigieux Institut supérieur des arts dramatiques d’Alger.