Comment parler de politique aux enfants ? Comment leur expliquer la démocratie élective, la citoyenneté ? Ce qu’est la République ou la laïcité ? Émilie Capliez s’y frotte avec l’auteur Boris Le Roy, qui a réécrit au féminin, en l’adaptant à notre époque, son roman jeunesse Quand j’étais petit je voterai, paru en 2007. Dans cette nouvelle version, Lune, jeune fille brillante et militante, devient l’héroïne et entend bien changer le monde et ses règles.
En transposant toutes ces interrogations dans un décor de salle de classe où des élèves vont se présenter à l’élection de leurs délégué·es, les jeunes spectateurs vont être initiés à la question du pouvoir et de la représentativité et, par extension, à la définition du suffrage universel, de la Constitution ou de l’État. Sans oublier le 49.3. Des notions souvent mystérieuses et abstraites débattues au plateau avec sérieux mais aussi sous des formes ludiques et drôles, dans le déroulement d’une journée menée tambour battant. Trois jeunes comédien·nes se partagent tous les rôles de ce récit initiatique stimulant, où la musique live a une place de choix !
On sait qu’Ulysse quitta son royaume d’Ithaque laissant Pénélope à son attente et à ses broderies… Mais Télémaque, son fils, comment grandit-il et se construit-il sans figure paternelle ? Comment vit-il la si longue absence et le manque d’un père dont les exploits lui sont contés ? Marion Aubert et Marion Guerrero se penchent sur cette problématique existentielle à partir d’un autre point de vue sur le héros de la mythologie grecque. Un chœur d’enfants orphelins, dont les pères marins s’en sont aussi allés, vont venir rejoindre Télémaque et, avec la toute jeune Athéna, déesse de la guerre, reconstituer l’épopée depuis leur regard. Faire entendre leur douleur et, peut-être, exorciser leur colère.
Dans une forme interactive et bi frontale, un désir d’immersion et de proximité, Marion Guerrero fait de L’Odyssée un spectacle rock fantastique et drôle où peuvent se reconnaitre les enfants d’aujourd’hui. Dans son jeu rythmé, avec guitare électrique, basse, samples, la pièce devient une véritable aventure à partager en famille.
Marion Aubert a reçu le prix SACD Théâtre en 2023.
Face à face, deux drôles de silhouettes s’observent. La tête emboîtée dans des cubes noirs, elles font défiler sous leur craie un ciel étoilé, une ville en noir et blanc, un oiseau coloré ou des visages aux multiples émotions… Les images se transforment, accompagnées de voix amplifiées et d’effets sonores, de gestes précis, signifiants. Sous les cubes, Justine Macadoux et Coralie Maniez défient les lois géométriques dans cette magnifique performance d’échange non verbal et pourtant poétique, animé et graphique, qui offre une infinité de lectures pour petits et grands. À la frontière entre le théâtre d’objet, les arts plastiques et le mime, c’est tout un univers qui se dessine, se devine et parfois s’efface, pour mieux s’inventer.
Ils et elles sont né·es bien après les indépendances, mais pour les comédien·nes de la compagnie Nova et les deux autrices et metteuse en scène, Alice Carré et Margaux Eskenazi, la colonisation reste la clé de lecture du racisme d’État toujours prégnant aujourd’hui en France. Et le coeur fume encore (titre emprunté à un vers de Kateb Yacine) parcourt l’histoire de la domination de l’Algérie et de sa lutte de libération en donnant la parole à une foule de protagonistes, parole portée ou recueillie par leurs enfants ou petits-enfants.
À travers plusieurs histoires de vie, dans des allers-retours entre passé et présent, la pièce traverse les évènements et dates clés de cette période : massacre de Sétif en 1945, bataille d’Alger en 1957, 17 octobre 1961, indépendance en 1962… et en interroge les répercussions mises au jour par la marche pour l’égalité et contre le racisme de 2001. Acteurs et actrices jouent tout type de rôle, incarnant un personnage « non pour sa couleur ou son sexe » mais pour sa crédibilité dans « une tentative de décoloniser et dégenrer les imaginaires ». Un spectacle coup de poing qui a reçu un accueil impressionnant tout au long de sa tournée nationale.
Adepte du métissage et accompagné par le guitariste virtuose François Delporte, Ibrahim Maalouf nous offre un moment de partage unique, mêlant variations baroques et improvisations de musiques orientales. Inspiré par les souvenirs des tournées aux côtés de son père et par les mélodies de son enfance, l’artiste franco-libanais et son collaborateur de toujours nous emportent dans un maelström musical unique, à travers les âges et les cultures.
Trompette, guitare, piano, sifflement, chant, dans une version acoustique, le duo revisite les grands succès du trompettiste de manière intime et dépouillée et nous dévoile quelques inédits. Avec plus de vingt albums, des dizaines de collaborations artistiques – dernièrement avec Flavia Coelho, dix symphonies et une vingtaine de musiques de films à son actif, Ibrahim Maalouf est l’instrumentiste le plus doué et populaire de la scène musicale française. Quelle joie d’accueillir cet artiste de renom pour Quelques réjouissantes mélodies !
Fidèle à sa maîtrise de l’art du récit, soutenu par une scénographie remarquable et des projections filmées historiques et contemporaines, Abdelwaheb Sefsaf nous invite à découvrir un pan méconnu de notre histoire. En 1871, après l’échec de leur soulèvement, les grandes figures de la Commune sont déportées en Nouvelle-Calédonie. Au même moment, en Algérie française, l’insurrection des Kabyles contre la colonisation échoue. Communard·es et Kabyles sont condamné·es au bagne à vie. Traités comme du bétail, leur traversée en bateau pour rejoindre « le caillou » dure six mois. Pour survivre, les prisonniers politiques s’unissent en chantant, dans un mélange des cultures. Arrivés sur l’île, ils rencontrent les révoltés kanaks, toujours repoussés dans les terres les plus arides et dont le mouvement de libération porté par Ataï est écrasé en 1878 par l’armée française. Ataï finira décapité et sa tête sera exposée comme un trophée au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
Pour créer un spectacle choral à la dimension de cette épopée, Abdelwaheb Sefsaf a réuni musicien·nes, acteur·ices, chanteur·euses – dont l’ensemble de musique ancienne Canticum Novum – venu·es d’Europe, d’Algérie et de Nouvelle-Calédonie. Un voyage en récits et en musique d’une puissante générosité.
Les influences d’Aligator, de Dead Can Dance à Nusrat Fateh Ali Khan, ouvrent grand le champ des possibles. Les chansons sont des décors, des horizons naïfs tracés à la craie sur un tableau noir. Il s’en dégage une poésie douce-amère, un lyrisme oriental et un rayonnement électromagnétique. Finement travaillées, elles sont la rencontre des pôles, le meilleur des deux mondes…
Onirisme et réalisme d’écriture où la poésie – en français, en kabyle et en arabe – parle d’altérité, d’émancipation, de décolonisation, de combats, d’anti-héros et d’espérance. Un flirt transgressif qui nous mène de deltas en détroits, à la croisée des chemins entre accents traditionnels et résonances électroniques. Aligator, c’est une odyssée au cœur de l’atome, si la fibre est zen, l’énergie est nucléaire. Une formation qui sonne, entonne et cartonne. Un cirque musical à l’émotion festive.
Après le décès de sa mère, la jeune Sandra intègre la nouvelle demeure de son père remarié à une marâtre tyrannique, mère de deux filles fainéantes et détestables. « Pour ne pas oublier trop longtemps de penser à sa mère », elle porte à son poignet une grosse montre. Elle surmonte son désespoir en devenant la domestique de cette nouvelle famille, enfermée dans une somptueuse maison en verre. Invitée par sa marraine à la soirée techno-karaoké du roi, elle y rencontre le prince, trop petit, solitaire et fragile comme elle, bouleversé par la disparition de sa mère. Minuit sonne, Sandra doit fuir les festivités et c’est le prince qui lui donne son soulier pour mieux la retrouver.
En passant de l’explosion de rire à l’émotion pure, l’auteur évoque avec délicatesse et justesse les épreuves de la vie : le deuil, le mensonge des adultes, la famille, la méchanceté, la solitude et le pouvoir de l’imagination. Dans une scénographie dépouillée et avec une distribution surprenante, Joël Pommerat joue des clichés pour créer des situations et des personnages d’une contemporanéité troublante : une belle-mère adepte de la chirurgie esthétique, ses filles accros à leurs portables, une bonne fée plus psy soixante-huitarde que magicienne et un prince loin des stéréotypes de la virilité masculine. Multi-primée et présentée sur les scènes des plus grands théâtres du monde, cette version moderne et puissante de Cendrillon s’adresse à tous les âges de la vie.
LA MARCHE Aujourd’hui l’un des artistes de cirque les plus créatifs, Mathurin Bolze est un alchimiste du geste et de la poésie. Pour un acrobate, réinventer l’expérience de la marche, c’est tout redécouvrir de la vibration du geste. Humble et audacieux, il s’y essaie en explorant l’univers et les mots polyphoniques de Frédéric Gros dans son introduction à la Petite Bibliothèque du marcheur, et en s’inspirant des Gnossiennes d’Erik Satie. Se tissent alors des affinités électives entre musique, cirque et poésie qui viennent troubler les sens et les perceptions. Lové dans une roue qu’il apprivoise en en faisant le tour et les détours, il marche au sol et dans les airs, se laisse déplacer dans l’inconnu. Il vagabonde de la flânerie à la course folle, de la méditation à la fièvre, déplaçant ses repères et les nôtres, recomposant le rapport au temps et à l’espace, à l’inanimé et au vivant. La transmission d’une expérience de savoir-faire et savoir-être.
ALI Entre danse et cirque, cette pièce courte pour « quatre béquilles, trois jambes, deux têtes et une chaise » est bien plus qu’un spectacle, une célébration de la vie. Ils sont frères de scène et frères de coeur. Campés sur des béquilles, l’un n’a qu’une jambe, l’autre deux, ils ont la même virtuosité et la même passion pour le mouvement. Du geste esquissé aux élans fulgurants, des équilibres aux sauts et roues, de la présence immobile à la puissance de la transe, tout en eux est magnétique. Rien ne leur est inaccessible, ni à l’un ni à l’autre. Leurs corps se frôlent ou se télescopent, fusionnent ou s’affrontent. Ils sont à la fois deux et un. Dans cette ode à la vie, à sa puissance et à sa fragilité, le corps des artistes, en attente et en écoute, en violence et en grâce, en perception de soi et de l’autre, est un long poème bouleversant.
Elle était l’une des actrices – non professionnelle – de Flammes. Elle a aujourd’hui le rôle-titre de sa propre vie. Anissa n’a pas connu son père et le recherche depuis son plus jeune âge. Ahmed Madani, fasciné par son histoire, lui propose de partir le retrouver et de l’accompagner. En allant vers ce père et ce pays inconnus, c’est d’abord elle-même qu’Anissa va découvrir. De ce voyage initiatique naîtra une narration qui brouille les frontières entre réel et fiction.
Metteur en scène et actrice vont demeurer sur scène pendant toute la représentation, chacun incarnant son propre personnage et déroulant le fil de cette drôle de quête et d’enquête. Dans un atelier de cuisine, les mains dans la farine, Anissa recompose son identité tout en fabriquant et en offrant des pâtisseries comme on partage le goût de l’enfance. Elle invite les spectateurs à franchir le quatrième mur et prendre part à l’élaboration du récit. à réduire l’écart entre les personnes qui jouent et celles qui regardent. Mais elle garde secrets le mot et les émotions de la fin.
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