Aligator

Les influences d’Aligator, de Dead Can Dance à Nusrat Fateh Ali Khan, ouvrent grand le champ des possibles. Les chansons sont des décors, des horizons naïfs tracés à la craie sur un tableau noir. Il s’en dégage une poésie douce-amère, un lyrisme oriental et un rayonnement électromagnétique. Finement travaillées, elles sont la rencontre des pôles, le meilleur des deux mondes…

Onirisme et réalisme d’écriture où la poésie – en français, en kabyle et en arabe – parle d’altérité, d’émancipation, de décolonisation, de combats, d’anti-héros et d’espérance. Un flirt transgressif qui nous mène de deltas en détroits, à la croisée des chemins entre accents traditionnels et résonances électroniques. Aligator, c’est une odyssée au cœur de l’atome, si la fibre est zen, l’énergie est nucléaire. Une formation qui sonne, entonne et cartonne. Un cirque musical à l’émotion festive.

Cendrillon

Après le décès de sa mère, la jeune Sandra intègre la nouvelle demeure de son père remarié à une marâtre tyrannique, mère de deux filles fainéantes et détestables. « Pour ne pas oublier trop longtemps de penser à sa mère », elle porte à son poignet une grosse montre. Elle surmonte son désespoir en devenant la domestique de cette nouvelle famille, enfermée dans une somptueuse maison en verre. Invitée par sa marraine à la soirée techno-karaoké du roi, elle y rencontre le prince, trop petit, solitaire et fragile comme elle, bouleversé par la disparition de sa mère. Minuit sonne, Sandra doit fuir les festivités et c’est le prince qui lui donne son soulier pour mieux la retrouver.

En passant de l’explosion de rire à l’émotion pure, l’auteur évoque avec délicatesse et justesse les épreuves de la vie : le deuil, le mensonge des adultes, la famille, la méchanceté, la solitude et le pouvoir de l’imagination. Dans une scénographie dépouillée et avec une distribution surprenante, Joël Pommerat joue des clichés pour créer des situations et des personnages d’une contemporanéité troublante : une belle-mère adepte de la chirurgie esthétique, ses filles accros à leurs portables, une bonne fée plus psy soixante-huitarde que magicienne et un prince loin des stéréotypes de la virilité masculine. Multi-primée et présentée sur les scènes des plus grands théâtres du monde, cette version moderne et puissante de Cendrillon s’adresse à tous les âges de la vie.

Joël Pommerat a reçu le Grand Prix SACD 2023

La Marche / Ali

LA MARCHE
Aujourd’hui l’un des artistes de cirque les plus créatifs, Mathurin Bolze est un alchimiste du geste et de la poésie. Pour un acrobate, réinventer l’expérience de la marche, c’est tout redécouvrir de la vibration du geste. Humble et audacieux, il s’y essaie en explorant l’univers et les mots polyphoniques de Frédéric Gros dans son introduction à la Petite Bibliothèque du marcheur, et en s’inspirant des Gnossiennes d’Erik Satie. Se tissent alors des affinités électives entre musique, cirque et poésie qui viennent troubler les sens et les perceptions. Lové dans une roue qu’il apprivoise en en faisant le tour et les détours, il marche au sol et dans les airs, se laisse déplacer dans l’inconnu. Il vagabonde de la flânerie à la course folle, de la méditation à la fièvre, déplaçant ses repères et les nôtres, recomposant le rapport au temps et à l’espace, à l’inanimé et au vivant. La transmission d’une expérience de savoir-faire et savoir-être.

ALI
Entre danse et cirque, cette pièce courte pour « quatre béquilles, trois jambes, deux têtes et une chaise » est bien plus qu’un spectacle, une célébration de la vie. Ils sont frères de scène et frères de coeur. Campés sur des béquilles, l’un n’a qu’une jambe, l’autre deux, ils ont la même virtuosité et la même passion pour le mouvement. Du geste esquissé aux élans fulgurants, des équilibres aux sauts et roues, de la présence immobile à la puissance de la transe, tout en eux est magnétique. Rien ne leur est inaccessible, ni à l’un ni à l’autre. Leurs corps se frôlent ou se télescopent, fusionnent ou s’affrontent. Ils sont à la fois deux et un. Dans cette ode à la vie, à sa puissance et à sa fragilité, le corps des artistes, en attente et en écoute, en violence et en grâce, en perception de soi et de l’autre, est un long poème bouleversant.

Au non du père

Elle était l’une des actrices – non professionnelle – de Flammes. Elle a aujourd’hui le rôle-titre de sa propre vie. Anissa n’a pas connu son père et le recherche depuis son plus jeune âge. Ahmed Madani, fasciné par son histoire, lui propose de partir le retrouver et de l’accompagner. En allant vers ce père et ce pays inconnus, c’est d’abord elle-même qu’Anissa va découvrir. De ce voyage initiatique naîtra une narration qui brouille les frontières entre réel et fiction.
Metteur en scène et actrice vont demeurer sur scène pendant toute la représentation, chacun incarnant son propre personnage et déroulant le fil de cette drôle de quête et d’enquête. Dans un atelier de cuisine, les mains dans la farine, Anissa recompose son identité tout en fabriquant et en offrant des pâtisseries comme on partage le goût de l’enfance. Elle invite les spectateurs à franchir le quatrième mur et prendre part à l’élaboration du récit. à réduire l’écart entre les personnes qui jouent et celles qui regardent. Mais elle garde secrets le mot et les émotions de la fin.

Présentation de saison 2024/25

17h : ouverture des portes et du bar

18h : Présentation de la saison 24/25. Une programmation pluridisciplinaire dans laquelle se côtoieront des artistes émergent·es et les grands figures de la scène européenne. Concerts, théâtre, marionnette, cirque, danse… il y a aura pour tous les goûts.

19h30 : Surprises et invité·es ponctueront cette soirée qui se poursuivra par un concert.

21h : Concert enflammé du groupe Aligator !

Chantons, dansons et trinquons ensemble pour célébrer cette nouvelle saison qui commence. Nous vous attendons avec vos voisin·es, vos ami·es et vos proches !

Ulysse de Taourirt

Après son spectacle Si loin Si proche qui racontait, du point de vue de la mère, l’histoire d’une famille immigrée algérienne tentant un retour au pays dans les années 70, Abdelwaheb Sefsaf nous raconte désormais les origines et les raisons de la venue de cette famille en France. Une histoire autobiographique qui met en parallèle deux adolescences à quarante ans d’intervalle. D’une part, celle d’un père qui, en 1948, décide de quitter l’Algérie pour venir travailler en France dans les mines de charbon. De l’autre, celle d’un fils né à Saint-Étienne qui, à 16 ans en 1986, décide de faire du théâtre. Deux destins réunis par l’exil et les questions identitaires.

Dans une scénographie ingénieuse et évolutive qui mêle décor étonnant et projections vidéo, s’entrelacent ces deux histoires à la fois intimes et universelles. Sur scène, trois musiciens mettent en musique le récit de ce père, rêvé par l’auteur comme un héros antique, un Ulysse de Kabylie. Une ode teintée d’humour et de poésie, entre petite et grande histoire de l’immigration, à la gloire de ces « Ulysse » ordinaires venus construire la France dans les années 50.

Si loin Si proche

Un retour aux sources avec femme et enfants. Des enfants nombreux, nés dans cette France « pays des Droits de l’homme » où s’étaient forgés leurs plus beaux souvenirs, cette France intime et généreuse qu’il fallait à présent repousser comme un amour caché, inavouable. Des enfants comme moi, trop jeunes pour comprendre, avec des grands frères et des grandes sœurs spécialistes dans l’art du grand écart identitaire. Alors les voyages de retour furent nombreux. Il faut dire que c’est l’époque où le gouvernement français encourage les bons et loyaux ouvriers maghrébins à rentrer chez eux en leur octroyant une « généreuse » prime au retour de 10 000 francs, en négligeant qu’ils emportaient dans leurs bagages de bons et loyaux français, c’est à dire nous.
Sous la forme d’un récit croisé, Si loin Si proche raconte les rêves de retour en « Terre promise » dans les années 70-80 d’une famille d’immigrés algériens, sur fond de crise des migrants. Un conte épique, drôle et émouvant, entre théâtre et musique pour dire que partir, c’est ne jamais revenir.

Kaldûn Requiem

Version musicale de la création Kaldûn, c’est la rencontre de deux entités, Canticum Novum, ensemble de musique ancienne et d’Aligator, groupe de musique electro-ethnique. Ensemble, ils proposent de réparer la mémoire des vaincus, d’inventer un chant, un requiem pour Kaldûn-Kanaky-Calédonie, un chant de réconciliation, qui puise son inspiration dans la profondeur des origines Kanaks, dans les rythmes Berbères, dans les chants de la Commune.

Love à gogo !

Swan a 14 ans, une chambre où s’amoncellent des tas de vêtements, un téléphone oublié, un lit rose, des LED de couleurs, et des posters au mur. Cet après-midi comme tous les mercredis, Swan a rendez-vous sur Whatsapp avec ses ami·es. Sur leur groupe, Swan et ses potes se confient, se révoltent, débattent, se moquent aussi parfois de leurs sentiments, de leurs expériences, et se posent des questions : « Ça existe vraiment le gland de lait ? », « Comment on fait pour bien embrasser ? », « Est-ce qu’il y a une seule première fois ? » … Une sorte de courrier du cœur 2.0, parce que famille et adultes ne sont pas forcément les meilleures personnes pour parler de ces choses-là. Mais ce jour-là Swan n’est pas au rendez-vous. La « daronne », mère célibataire, fan de MMA et « Lapinou » le vieux lapin en peluche, sale, moche et usé tentent de savoir où est Swan et surtout avec qui.

Love à gogo ! est un spectacle drôle, loufoque et très sérieux autour de thématiques liées à la puberté et à tout ce qui peut changer quand on devient adolescent·es. S’appuyant sur des retours d’ados pour construire le spectacle, les comédien·nes, et les élèves, se posent des questions sur ce qui change lorsque l’on devient adulte, sur l’amour, la découverte de la sexualité et ce que l’on croit en savoir, sur le porno, sur internet et le consentement…

Cette note qui commence au fond de ma gorge

Aref n’aime plus Bahia. Il vient de le lui dire. Il rejette cet amour, il la rejette elle, il rejette tout. Mais Bahia refuse d’en rester là. Un dialogue de combat puissant, les regards et les corps se toisent, s’esquivent, s’attaquent. Quand on a 20 ans, tout brûle et nous consume ardemment. Une écriture qui mêle les voix des instruments – dambura harmonium et tablas – flow incessant et dense des mots de Bahia. Ce face-à-face sous tension écrit intégralement en alexandrins – le vers cardinal du XVIIe et du rap d’aujourd’hui et décasyllabes – comme une corrida dans laquelle les interprètes nous subjuguent. Le flux de ces paroles, implacable et bouleversant, nous laisse «sonnés».

Fabrice Melquiot, écrivain, metteur en scène, artiste associé à différentes maisons de théâtre, a choisi de raconter à sa façon l’histoire d’Esmatullah Alizada, musicien afghan, qui interprète Aref et signe la musique du spectacle. Une pièce haletante dans laquelle notes et voix esquivent la parole d’exil pour habiter la langue d’accueil.