La Campagne

Richard, médecin, et sa femme Corinne ont quitté Londres pour s’installer à la campagne. Tandis que Corinne s’acclimate à cette nouvelle vie avec leurs deux enfants, Richard enchaîne les visites à domicile chez ses patients. Un soir, il rentre à la maison en portant une femme, inconsciente, dans ses bras. Cette jeune Américaine prénommée Rebecca, qu’il dit avoir trouvée étendue sur le bord de la route, va semer le doute et révéler les fractures du couple.

Après Dealing with Clair (Claire en affaires), Sylvain Maurice adapte de nouveau le dramaturge britannique Martin Crimp. Dans La Campagne, celui-ci pousse ses trois personnages dans les méandres du désir, exhume les fantômes du passé, traque les conflits cachés et fait chanceler l’édifice des mensonges, petits ou grands, qui maintiennent le couple en équilibre. Isabelle Carré et Yannick Choirat, entourés de Manon Clavel, nous entraînent au cœur d’une mécanique théâtrale construite comme un thriller, reposant sur la puissance de la langue et ses dialogues aussi quotidiens que redoutables. Par la subtilité de leur jeu, entre profondeur et légèreté, les deux comédiens déploient devant nous toute l’humanité de ces personnalités qui se fissurent, happées par le doute.

Arcadie

Farah, bientôt 15 ans, habite à Liberty House. Ce domaine coupé du monde moderne dans lequel sa famille a trouvé refuge a pour maître des lieux Arcady, qui y professe, au cœur d’un cadre bucolique, ses penchants libertaires, son idéal de tolérance et l’amour de la littérature. Dans cette communauté quelque peu déjantée, l’adolescente en proie aux troubles naissants du désir, va voir son corps se transformer de manière étrange…

Touchant, féroce et drôle, le roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam est un récit d’apprentissage en forme de quête d’identité et d’ode à la différence. À travers ses frasques de jeunesse et ses observations tendres ou irrévérencieuses sur notre monde et ses dérives, Farah bouscule nos certitudes : Qu’est-ce qu’être un homme ou une femme ? Quelle est cette prétendue normalité qui intègre autant qu’elle exclut ? Quelle société alternative bâtir pour demain ? Sylvain Maurice porte à la scène ce texte jubilatoire alliant le « parler jeune », la langue littéraire, les détournements de romans cultes et les références à la pop culture. Incarnée avec gourmandise et sensualité par Constance Larrieu (La 7e Fonction du langage, Un flocon dans ma gorge), Farah nous plonge dans les utopies de l’adolescence.

• Promo du web sur la séance du mercredi 19 octobre :
12€ la place
(en ligne uniquement)

The Tree

(Fragments Of Poetics On Fire)

Nous sommes intimement liés à la nature et aux éléments, et si nous ne nous transformons pas, nous risquons le naufrage. Telle est la réflexion qui guide The Tree, dernière création de Carolyn Carlson pour sa compagnie. Après Eau, Pneuma et Now, l’artiste américaine clôt un cycle de pièces inspirées par Gaston Bachelard. Au fil de sept « séquences rêveries », neuf interprètes représentent les instincts primaires dont nous nous sommes éloignés : la conscience de l’harmonie incessante au creux de nos souffles, les feux qui alimentent l’âme humaine, la flamme universelle de l’amour. Carolyn Carlson utilise en décor les toiles à l’encre de Chine du peintre Gao Xingjian. Elles enveloppent dans des paysages imaginaires les lignes abstraites et lyriques de la danse. De ses débuts de chorégraphe-étoile à l’Opéra de Paris jusqu’à ce nouvel opus, Carolyn Carlson a un jubilé de créations et une centaine de pièces à son actif. L’inspiration et la popularité de cette pionnière de la danse contemporaine ne sont pas prêtes de se tarir…

Jazz Partage #03

Un vent exaltant souffle dans les clarinettes et le saxophone de Julien Stella et Bastien Weeger, qui forment le duo NoSax NoClar. Inspirée par les couleurs chaudes de l’Orient et la féerie des Balkans, boostée de free jazz et de bop, leur musique se joue des frontières entre les genres et les styles. Fruit d’explorations approfondies autour des rythmes, des timbres et de l’improvisation, elle éclate à nos oreilles comme une langue imaginaire appelant au rêve et à la méditation. Pianiste, compositeur et chef d’orchestre, « l’alchimiste » Jean-Marie Machado compte parmi les grands créateurs de la scène hexagonale. Jazz, classique, contemporaine, ethnique… : sa musique n’a cessé depuis trente ans de s’hybrider entre les disciplines, les cultures et les langages. Nous suivrons le « phare » – qui se dit Majakka en finnois – de son parcours foisonnant dans une formule en quartet des plus alléchantes : avec l’inclassable Vincent Ségal au violoncelle, l’éclectique Jean-Charles Richard au saxophone et le prolifique Keyvan Chemirani aux percussions.

Short Stories

Imaginez que vous receviez un coup de fil d’une anonyme et… qu’elle vous persuade de lui rendre visite en pleine nuit à l’autre bout de la ville. Ou bien que vos voisins partent en vacances, vous confient leurs clés et que vous entriez dans leur univers intime… Ou encore que votre femme vous présente un étrange ami aveugle et que vous vous mettiez à dessiner avec lui. Avec Short Stories, Sylvain Maurice adapte pour le théâtre six nouvelles parmi les plus accomplies et les plus célèbres de Raymond Carver (1938-1988). Le grand auteur américain est à la fois un dialoguiste hors pair, un chroniqueur inlassable du quotidien, un maître du suspens, un nouvelliste aussi affuté qu’Anton Tchekhov (auquel on le compare souvent). Ces « histoires courtes » ont toutes pour thème commun le couple. Carver observe avec curiosité, empathie et humour, cette alliance si singulière de deux êtres. Pour lui, le couple est une nécessité dont on ne peut s’affranchir, et qui plonge pourtant chaque partenaire dans la plus grande solitude. Dans une ronde infinie, il regarde ses personnages en proie aux petits et grands compromis du quotidien, sans juger.

Bartleby

Bartleby est le personnage le plus énigmatique de la littérature. Employé consciencieux d’un bureau de juristes new-yorkais, il se met subitement à répondre « Je préfèrerai pas » à toute demande. Son patron aura beau essayer de comprendre pourquoi, il se heurtera désormais à cette formule laconique. Cet homme qui s’efface du monde est le héros d’une nouvelle d’Herman Melville qui, en 1853, défie les lois de la logique et la psychologie des romans traditionnels. Un ovni précurseur de Beckett et de Kafka. Bartleby est-il une figure de résistance passive face à une bureaucratie déshumanisante ? En appelle-t-il à la désobéissance civile ? Nous susurre-t-il que la vie est une mascarade ? Rodolphe Dana et Katja Hunsinger portent à la scène le mystère abyssal de cet employé sorti du rang et la touchante humanité de ce patron s’évertuant à le ramener dans la norme et le camp des vivants. En duo avec Adrien Guiraud, qui incarne avec finesse la douceur inquiétante du héros, Rodolphe Dana met au jour la dimension émotionnelle de ce texte comique, absurde et pénétrant

Jazz Partage #02

Rêver sur les harmonies du jazz, puiser dans l’infinie richesse des musiques traditionnelles du Moyen-Orient, exulter avec l’énergie du rock : telle est la recette de Sarāb. Ce jeune groupe, dont le nom signifie « mirage » en arabe, a pour voix lead la chanteuse d’origine syrienne Climène Zarkan. Entourée de cinq musiciens aux influences multiples, elle fusionne dans une transe réjouissante les mélodies des poètes arabes et les textures sonores du jazz contemporain. Macha Gharibian, vocaliste habitée, nous plongera ensuite dans les couleurs profondes et aériennes de son troisième album. Des paysages sonores entêtants où s’entremêlent la tradition arménienne, le jazz, la soul et la pop. Elle livre ses tourments et exaltations, dans les nuances feutrées et déchirantes d’une voix qui capture toutes les émotions. Autour de ses claviers acoustique et électrique, la compositrice s’adjoint une section rythmique ensorcelante : Dré Pallemaerts à la batterie et Chris Jennings à la contrebasse.

Stallone

Un soir, Lise découvre Rocky 3, L’Œil du tigre de et avec Sylvester Stallone. L’histoire de ce boxeur, qui redevient champion du monde après s’être laissé aller, invite Lise à se ressaisir. À 25 ans, elle reprend ses études de médecine, quitte son ami et rompt avec sa famille. La nouvelle Stallone d’Emmanuèle Bernheim est le récit fulgurant de cette pulsion de vie retrouvée, sur fond de culture populaire des années 1980. Cinéaste et metteur en scène, Fabien Gorgeart adapte ce texte en tissant un lien inattendu entre littérature, cinéma et théâtre. Clotilde Hesme – la romantique Sylvia du Jeu de l’amour et du hasard, accueilli en 2019 – livre une performance à couper le souffle dans le rôle de cette héroïne attachante qui réinvente son existence sur le riff entêtant de la bande originale de Rocky. En complicité avec le comédien et musicien Pascal Sangla, elle parvient à restituer l’intensité d’une vie, rythmée de tous ces détails et basculements infimes qui finissent par forger un destin.

Les Fouberies de Scapin

Les Fourberies de Scapin met en scène deux jeunes gens qui doivent braver l’autorité de leurs pères pour pouvoir épouser celles qu’ils aiment. Ils triompheront grâce à Scapin, un valet rusé prêt à inventer les stratagèmes les plus invraisemblables pour les aider. Fantaisiste, fougueuse, féroce : cette farce porte en elle une énergie explosive dont Tigran Mekhitarian préserve la sève et l’esprit, tout en y injectant les mots, l’humour et les préoccupations de la jeunesse contemporaine. Autour d’un Scapin charismatique dans son blouson noir, la bande de jeunes évolue dans un squat, à la fois refuge, lieu d’errance et des premiers émois amoureux. Les dialogues du texte original sont ponctués d’apartés, d’improvisations et de morceaux de rap interprétés en direct. Avec beaucoup de liberté et une pointe d’insolence, le metteur en scène incorpore la verve et l’argot d’aujourd’hui à la prose de Molière et fait* des détours par les pensées intérieures des personnages. Les neuf comédiens, tous épatants, portent au pas de charge cette version décomplexée et généreuse.

Jazz partage #01

On se laissera d’abord aspirer vers les Nouveaux Mondes de Samuel Strouk, terres de rencontre du jazz et de la musique « classique », de la syncope et du rubato. Le compositeur-interprète, qui réunit sur scène un quatuor à cordes et un trio guitare-basse-batterie, nous propose une expérience inédite où la sensation d’une musique symphonique côtoie la puissance d’une section rythmique propre au jazz. Un dialogue captivant à la croisée des chemins, entre écriture et improvisation. Théo Ceccaldi, l’un des solistes les plus demandés de la scène européenne, glissera ensuite son violon dans l’ombre immense de Django Reinhardt. Il lui offre un hommage amoureusement resongé et réinventé, dans une orchestration doucement déviante par rapport aux canons de la tradition : violon, guitare amplifiée et violoncelle. Entre compositions originales « sous influences » et grands classiques du génial guitariste manouche, son trio clora la soirée dans une liberté électrisante.