Xmas TraX
Le saxophoniste Alban Darche met des guirlandes à ses tubes de Noël préférés. Vive le vent, Douce nuit, Petit Papa Noël version jazz. Et c’est Noël avant Noël !
Par un procédé aussi mystérieux que celui qui transforme le blanc d’œuf en meringue, le jazz a toujours été associé à l’esprit de Noël. Que ce soit brillant ou sucré, kitsch ou moqueur, la plupart des chants de Noël sont des standards en plus d’être des traditionnels. Voilà donc une musique connue de tous en surface qui intéresse Alban Darche en profondeur. En grand amateur de Tim Burton, il s’est donc bâti son Étrange Noël à lui, et visite Christmas Town en compagnie de fidèles complices, avec la ferme intention de refaire la déco intérieure sans toucher aux murs. Une chose est sûre : à l’instar d’un bon vieux Jack Skellington, Noël ne sera plus pareil !
Noël, c’est la neige, le sapin, « Rosebud », le traîneau et le père Noel avec ses rennes, le rouge et le vert, « Jingle Bells », la famille, les retrouvailles et aussi le retour au foyer. A la tête de sa formation l’Orphicube, le saxophoniste Alban Darche s’attaque à cette thématique. La saison s’y prête, et le jazz occupe une grande place dans cette histoire, ayant toujours réussi la subtile manœuvre de transformer les traditionnels en standards. Ainsi, Ella Fitzgerald a repris Rudolph the Red-Nosed Reindeer, Louis Armstrong a habilement replacé Noël à Harlem ou à la Nouvelle Orléans. Comme Noël appartient à tous, Alban Darche n’a pas voulu laisser la part belle aux Anglo-saxons, imbattables dans ce domaine. Il réinvestit lui aussi Noël, se l’approprie avec des arrangements audacieux que servent les instrumentistes. Car Noël est aussi une histoire de famille pourl’Orphicube, où l’on retrouve la majeure partie des musiciens proches d’Alban Darche (Matthieu Donarier, Sébastien Boisseau, Christophe Lavergne, François Ripoche…). Il faut ajouter Marie-Violaine Cadoret pour le violon et Nathalie Darche au piano, toutes deux venues du classique.
Par un étrange mélange de chants connus, de souvenirs familiers et rassembleurs, d’émotions liées à l’enfance et de compositions personnelles du saxophoniste, la magie de Noël opère. Les arrangements puisent dans tous les idiomes que le jazz a pu développer au cours de son histoire (swing, dissonance free), mais également dans des formes de musiques traditionnelles ou folkloriques, un savant dosage entre arrangements empruntant tant au tango de Piazzola qu’aux grands compositeurs classiques. Une invitation au voyage par des modulations de thème au creux desquels se logent les interventions solistes des musiciens de cette belle mécanique. Les narrations se développent amplement (dans des pièces relativement courtes – contradictoirement). Ce sont des paysages, déployant une géographie aux couleurs de timbres, de brisures et de relances, qui nous embarquent pour le long cours. L’invention mélodique d’Alban Darche propose des airs aussi originaux qu’immédiatement accessibles ; sa manière à lui de faire d’un art intrinsèquement savant une musique populaire.