La Marche / Ali
Deux spectacles de la compagnie Les Mains, les Pieds et la Tête Aussi.
LA MARCHE
Aujourd’hui l’un des artistes de cirque les plus créatifs, Mathurin Bolze est un alchimiste du geste et de la poésie. Pour un acrobate, réinventer l’expérience de la marche, c’est tout redécouvrir de la vibration du geste. Humble et audacieux, il s’y essaie en explorant l’univers et les mots polyphoniques de Frédéric Gros dans son introduction à la Petite Bibliothèque du marcheur, et en s’inspirant des Gnossiennes d’Erik Satie. Se tissent alors des affinités électives entre musique, cirque et poésie qui viennent troubler les sens et les perceptions. Lové dans une roue qu’il apprivoise en en faisant le tour et les détours, il marche au sol et dans les airs, se laisse déplacer dans l’inconnu. Il vagabonde de la flânerie à la course folle, de la méditation à la fièvre, déplaçant ses repères et les nôtres, recomposant le rapport au temps et à l’espace, à l’inanimé et au vivant. La transmission d’une expérience de savoir-faire et savoir-être.
ALI
Entre danse et cirque, cette pièce courte pour « quatre béquilles, trois jambes, deux têtes et une chaise » est bien plus qu’un spectacle, une célébration de la vie. Ils sont frères de scène et frères de coeur. Campés sur des béquilles, l’un n’a qu’une jambe, l’autre deux, ils ont la même virtuosité et la même passion pour le mouvement. Du geste esquissé aux élans fulgurants, des équilibres aux sauts et roues, de la présence immobile à la puissance de la transe, tout en eux est magnétique. Rien ne leur est inaccessible, ni à l’un ni à l’autre. Leurs corps se frôlent ou se télescopent, fusionnent ou s’affrontent. Ils sont à la fois deux et un. Dans cette ode à la vie, à sa puissance et à sa fragilité, le corps des artistes, en attente et en écoute, en violence et en grâce, en perception de soi et de l’autre, est un long poème bouleversant.