Le Rêve d’Anna
Anna vit seule avec son père. La nuit, elle rêve d’un Cheval avec qui elle parle et qui la réconforte. Son amie Louise, elle, est visitée par un taureau brutal qui lui apparaît en cauchemar. Le Cheval et le Taureau, vieux rivaux des rêves, se connaissent de longue date. Anna ne démêle pas toujours bien le rêve de la réalité.
Le Rêve d’Anna est construit comme une grande broderie à deux faces : celle que l’on regarde, « la belle », et l’autre, « la moche », celle que l’on cache, pleine de nœuds et de couleurs mélangées. Eddy Pallaro nous invite à changer de point de vue sur les choses, à les regarder d’ailleurs, de plus haut, de plus bas, depuis le rêve, ou depuis la colère, depuis les yeux d’Anna, de son père, du Cheval ou du Taureau. Ces acrobaties de la pensée éclairent le monde avec le souffle poétique de son écriture théâtrale. Monter Le Rêve d’Anna aujourd’hui répond pour moi au désir d’aborder toutes ces questions avec les jeunes spectateurs. J’ai envie d’investir théâtralement le décalage qui existe entre différentes façons d’appréhender le monde selon que l’on est un adulte ou un enfant. La question sociale, particulièrement celle du travail et du pouvoir (son corollaire), mérite d’être abordée avec le jeune public car elle fait partie de son quotidien. Le Rêve d’Anna est aussi l’occasion d’élargir mon travail sur l’hyperréalisme en marionnettes. Les personnages liés à la réalité d’Anna sont « joués » par des marionnettes et ceux liés au père par des acteurs. Bérangère Vantusso