Rendez-vous le 28 octobre, à 6 h, dossard 953. Maswala s’apprête à courir un marathon pour payer l’opération qui pourrait sauver son fils. Car Akil a 9 ans et il sent son petit cœur qui bat si mal. De toute sa force vitale, la mère embrasse l’espoir de redonner à ce petit cœur imbécile un rythme régulier.
Directeur des Tréteaux de France, Centre dramatique national itinérant, Olivier Letellier s’attache depuis plus de vingt ans à raconter au jeune public des histoires qui parlent de notre monde à travers des formes singulières qui mélangent théâtre, danse et cirque. Il a reçu en 2010 le Molière du spectacle jeune public pour Oh Boy !. Inspirée par le popping, le voguing ou encore la house, la jeune danseuse de hip-hop Fatma-Zahra Ahmed porte avec une grande sensibilité le combat de cette mère ordinaire et héroïque. Le duo déploie une énergie unique pour nous embarquer dans cette histoire puissante et universelle, qui refuse la fatalité et fait de l’espoir le moteur de la vie.
Comment vivons-nous avec celles et ceux qui ne sont plus là ? Quelle place leur laisse-t-on ? L’autrice et metteuse en scène Anaïs Allais Benbouali fait cohabiter les mort·es et les vivant·es. Dans une maison qui prend l’eau, un groupe de femme apprivoisent leurs fêlures, dialoguent avec leurs vulnérabilités. Le ressac des marées fait remonter à la surface leurs questionnements les plus intimes.
Au plus proche de ses personnages, Anaïs Allais Benbouali révèle l’extraordinaire de ces vies ordinaires. Remarquée pour ces dernières créations, Au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été ou Lubna Cadiot (x 7) et soutenue par le Théâtre de la Colline, l’autrice franco-algérienne s’attache à tracer des lignes entre les deux rives de la Méditerranée. Sur une plage, comme une page blanche, Houda, Max et Assia se réunissent, décidées à écrire un nouveau chapitre de leur vie. L’une vient de perdre sa mère, l’autre de fuir son pays, et la troisième son travail. Dans une maison qui prend l’eau, le temps d’un orage, elles vont devoir cohabiter. Dans ce huis clos inattendu aux fulgurances oniriques, ces femmes de trois générations revisitent leur mémoire enfouie. L’écume y fait singulièrement bouillonner les questions de l’exil, de la perte, de l’hospitalité et de la transmission.
D’où viennent les premiers sons électroniques et les premiers synthétiseurs ? Comment le détournement du lecteur de bande magnétique et du vinyle a-t-il fait évoluer la musique ? Comment l’informatique a-t-elle révolutionné la création artistique ? Et qui sont ces beatmakers après tout ? À travers le récit de leur rencontre à l’âge de 13 ans, ces « faiseurs de sons » vont tour à tour égrener les choix qui les ont conduits à intégrer la grande famille des beatmakers : le goût des sons, l’art du bidouillage méthodique, celui d’apprivoiser des machines parfois récalcitrantes, jusqu’à l’expérience réjouissante des premiers dancefloors. Oscillant entre compositions originales et reprises de grands classiques (Daft Punk, Kraftwerk, The Who…), le groupe retrace l’histoire de la musique électronique, de ses instruments, de ses genres et de ses techniques, plongeant le public dans un monde aux sonorités étranges. Créations et reprises se succèdent ainsi avec la participation des enfants (et des adultes) !
Groupe franco-britannique bercé par Metronomy et Gorillaz, et plus récemment par Parcels et Tame Impala, Photøgraph délivre une musique entêtante et sensible. À l’aide de leurs synthétiseurs, ordinateurs, pads électroniques et autres gadgets dont ils dévoilent les mystères, ils invitent petit·es et grand·es à une expérience musicale immersive, feel good, et drôle !
L’intrigue se déroule dans l’Amérique des années 60. Martin Luther King vient d’être assassiné et la communauté noire lutte sans relâche pour la défense de ses droits civiques. C’est dans ce contexte violent que le couple Romain Gary et Jean Seberg recueille un chien abandonné, Batka. L’animal, d’apparence si douce et affectueuse, n’est pourtant pas un chien ordinaire. Autobiographique aux sonorités jazz afroaméricaines, White Dog nous invite à réfléchir à la question de la violence dans nos sociétés. Comment réapprendre l’humanité ?
Dans R.A.G.E., Camille Trouvé et Brice Berthoud nous livrent le récit d’une belle imposture. Il s’agira de démasquer un homme qui, pour échapper à la censure, s’invente une nouvelle identité et manigance l’une des plus belles supercheries du siècle dernier. Saurez-vous le reconnaître ? Deux manipulateurs, un bruiteur, une chanteuse, un trompettiste, un homme de l’ombre, des jeux de lumière et pas moins de vingt marionnettes à taille humaine tissent l’intrigue, portée par une dramaturgie virtuose.
Une petite ville de Norvège, en 1879, un peu avant Noël. Nora quitte mari, foyer et enfants pour vivre sa vie comme elle l’entend. Incroyablement en avance sur son temps, Ibsen signe avec Une maison de poupée le portrait d’une femme en quête de liberté.
Avec toute la puissance visuelle de son théâtre, la metteuse en scène et marionnettiste norvégienne s’empare de l’histoire de Nora, qu’elle monte en racontant sa propre histoire des années après les faits. Dans un paysage mental semblable à une toile d’araignée en extension perpétuelle, elle traduit le combat intime de cette femme avec les forces qui la dépassent. êtres humains et pantins à taille humaine se confondent et créent le trouble, donnant à l’art de la marionnette et de la manipulation une place centrale dans la dramaturgie. Salués partout dans le monde, les spectacles de Yngvild Aspeli nous conduisent sur les crêtes d’un univers singulier hanté par l’inquiétante étrangeté des oeuvres les plus passionnantes. Dans ce monde tout à la fois effrayant et fascinant fait de mensonges et de carcan social, la metteuse en scène suspend le temps. Les vivant·es et les fantômes se côtoient, les êtres humains et les marionnettes se toisent, le réalisme et l’illusion s’entrechoquent.
L’œuvre prolifique d’Emma Dante sublime le théâtre de l’intime. Elle s’inspire d’histoires réelles pour réfléchi sur le mal-être de la société et dénoncer la violence et l’ignorance qui en émanent. Trois prostituées et un garçon infirme vivent dans un appartement d’une seule pièce, sale et misérable. La journée, elles tricotent, et dès la nuit tombée elles offrent leurs corps aux passants. Arturo est l’orphelin de leur sœur de trottoir, morte en couche. D’une étrangeté attachante, il est devenu le fils de chacune. Tous les soirs, à la même heure, il regarde passer la fanfare en rêvant de jouer de la grosse caisse. Et dès la première note, comme un pantin désarticulé, le gamin s’élance dans une danse flamboyante. Victimes de la misère sociale et unies par l’affection qu’elles portent à l’enfant solitaire, Anna, Nuzza et Bettina bataillent contre leur condition et la violence des hommes.
Dans un tourbillon d’émotions et de scènes burlesques, cette pièce, d’une puissance rageuse, déclame haut et fort que la pauvreté n’empêche pas l’amour. Éclats de voix et éclats de rire, tendresse et colère s’entremêlent pour nous offrir un puissant moment d’humanité. Succès du Festival d’Avignon en 2021, Misericordia, qui vient des mots « misère » et « cœur » en italien, est une magistrale ode à la solidarité féminine.
Remarquée pour ses adaptations libres de textes du répertoire, Lorraine de Sagazan entame un cycle de créations tissées à partir de collectes d’entretiens. Pour La Vie invisible en 2020, elle recueillait les mots de personnes malvoyantes, pour Un Sacre en 2021 elle a pris pour point de départ la parole autour de l’absence de prise en charge de la mort pendant la pandémie. Avec cette pièce, Léviathan, elle se concentre sur les sentiments de justice et d’injustice.
Dans ce spectacle, Lorraine de Sagazan pense le théâtre comme un contre-espace pour interroger le fonctionnement du système judiciaire, ses béances, ses alternatives. Le Léviathan, figure biblique ambivalente, à l’immense héritage philosophique et littéraire pose la question suivante : qui est le monstre ? Se confrontant à la construction instituée du droit, son organisation ; la détention de l’autorité et de la violence dite légitime, le spectacle tente, usant de registres divers, de renverser certaines évidences et d’opérer des points de bascules par delà le bien et le mal.
*RENCONTRES – Ligue des Droits de l’Homme
jeudi 28 novembre :
Lorraine de Sagazan et Evelyne Sire-Marin, Vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme seront avec nous pour échanger après la représentation, le jeudi 28 novembre.
vendredi 29 novembre :
Maître Arié Alimi sera présent le vendredi 29 novembre à 19h pour échanger avec vous, avant la représentation.
Son ouvrage L’État hors la loi, sera disponible à la vente.
Nommé à de multiples reprises aux Molières pour ses pièces, Nasser Djemaï poursuit son inlassable recherche autour de nos héritages, de nos constructions identitaires, de nos fantômes, de nos filiations. Né de parents algériens, l’auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, s’est toujours entendu conter les histoires fantastiques du pays de ses origines. Ce n’est sans doute pas un hasard si Kolizion est peuplé de voix intérieures, d’objets venus de l’enfance, d’élans sacrés.
Seul en scène, un personnage nous raconte son voyage. Septième d’une lignée de garçons, Mehdi est voué dès sa naissance à une destinée singulière. Mais les astres n’offrent pas toujours ce qu’ils promettent ! Un grave accident perturbe le destin et le voilà devant nous, qui retrace avec drôlerie les rebondissements de son existence. Dans toute sa simplicité, la parole dessine les lignes d’un parcours initiatique singulier. Révélé dans les spectacles de David Bobée dans lesquels il incarnait un mémorable Peer Gynt ou encore un brillantissime Dom Juan, l’acteur Radouan Leflahi porte avec maestria ce texte écrit sur mesure pour lui.
C’est sur le mont Ararat, en Arménie, que s’échoue l’Arche de Noé dans la Bible. Objet de fascination continue en Occident, l’Arménie est l’incarnation géographique et le mémorial de l’Orient des origines. Peuple de voyageurs et voyageuses au Moyen âge, et en exode depuis le terrible génocide de 1915, les Arménien·nes font naître de ces rencontres de fertiles créations musicales. Canticum Novum leur redonne une place en croisant un collectif multiculturel d’interprètes et une partition foisonnante du répertoire arménien (danses, chansons populaires et poésies mystiques du Xe au XVIIe siècle). Chacun·e adopte la culture de l’autre et s’en fait caisse de résonance, démultipliant les accents émotionnels d’une humanité plurielle.
Créé par Emmanuel Bardon en 1996, Canticum Novum puise dans les répertoires méditerranéens, et aussi afghans, turcs, persans, arabes, séfarades, arméniens, cypriotes… Par cette transmission et ce partage, Canticum Novum les fait vivre au présent, sans pour autant tenter de les rafraîchir, l’occasion de découvrir des instruments de musique méconnus ou oubliés comme le duduk (hautbois arménien), le nyckelharpa (instrument traditionnel d’origine suédoise), le kamânche iranien… Ces musiques, éton-namment vivantes après huit siècles, évoquent la tolérance qui naît de la diversité.