La Douleur

Créé en 2008 par Patrice Chéreau, avec le chorégraphe Thierry Thieû Niang, La Douleur incarne la rencontre voix et corps entre une comédienne et une écrivaine. Dominique Blanc porte avec incandescence le récit autobiographique de l’attente fiévreuse de Marguerite Duras, en avril 1945, de son mari Robert Antelme, déporté à Dachau, dont elle ne sait s’il est encore vivant en cette veille de Libération. Dominique Blanc fait le tour du monde pendant quatre ans avec ce seule en scène d’une intensité exceptionnelle. Puis, après la mort de Patrice Chéreau, en 2013, elle entre à la Comédie-Française.

L’une de nos plus grandes actrices reprend aujourd’hui ce spectacle de légende dont il ne restait que la mémoire, avec Thierry Thieû Niang qui en avait composé la partition corporelle. Une re-création à deux regards portée par le même souffle et le même désir de revenir à la puissance initiale. Pour dire les atrocités de la guerre, de nouveau à nos portes, mais aussi la capacité de transformation des êtres dans le courage, l’espoir et l’amour.

Boule à neige

Sous la simplicité d’une habile et hilarante causerie, l’auteur-metteur en scène et performeur Mohamed El Khatib et l’historien-chercheur et plaisantin Patrick Boucheron nous révèlent la face cachée de cet objet de collection. Les boules à neige, perçues de premier abord comme un souvenir de voyage ludique, commercial, populaire et universel, deviennent au fur et à mesure de l’enquête les témoins miniaturisés et sanctuarisés de notre monde. De la Tour Eiffel au World Trade Center, en passant par la Kaaba de La Mecque, cet objet décoratif et de mémoire, mêlant l’intime et le sociétal, dévoile ici une myriade de récits qui appellent des interrogations plus universelles.

Avec tendresse et méticulosité, les performeurs entreprennent de faire parler ces petits globes, recueillis un peu partout dans le monde auprès de collectionneurs, pour nous révéler une histoire naturelle de ces mondes portatifs. Car la boule à neige est avant tout un théâtre, un théâtre miniature qui tient dans la main et regorge d’histoires.


EN ÉCOUTE

Histoires éternelles

Histoires éternelles nous plonge dans des univers fantastiques où les flûtes sont enchanteresses, les allumettes hypnotiques et les clés magiques. Le Joueur de flûte de Hamelin, conte allemand qui a traversé les âges grâce aux frères Grimm, raconte le désespoir des habitants d’une ville infestée par les rats. Dans le conte danois La Petite Fille aux allumettes de Hans Christian Andersen, une jeune fille erre en guenilles dans les rues enneigées sans trouver d’acheteur. Dans l’horrifique conte français La Barbe-Bleue de Charles Perrault, un homme étrange et riche cache à sa nouvelle épouse un passé terrifiant…

Kery James

Ayant plongé dans l’univers hip-hop durant sa préadolescence, Kery James s’est lancé, micro en main, au début des années 1990 au côté du groupe Ideal J. Il impulse par la suite un parcours solo avec l’album Si c’était à refaire (2001), devenu rapidement Disque d’or. Durant 30 ans de carrière, cet artiste amoureux des mots s’est affirmé comme un héraut éminent du rap hexagonal, dont les vibrantes chansons expriment un engagement sociopolitique fervent mais sans outrance.
Après plusieurs années de riches projets dans la musique, le théâtre et le cinéma, Kery James investit le Théâtre de Sartrouville, avec ses fidèles compagnons de scène au clavier et aux percussions, pour revisiter les titres les plus poignants de son répertoire, sans artifices et tout en intimité.

L’Empreinte

Ils nous accueillent dans leur petit espace circulaire, au plus près d’eux. C’est chaleureux et intimiste, et il y a moyen, en tendant un peu le bras, de prendre part à ce qui va se jouer ici. Le duo tisse une histoire intense, à la fois riche en émotions et teintée d’humour, tout en subtilité : les gestes, la musique, ou encore les paroles d’une chanson viennent porter le propos… qui ne va pas s’avérer aussi léger qu’il y paraît. L’Empreinte est un spectacle touchant et extrêmement émouvant dont on ne ressort pas totalement indemne.

Un piano dans la montagne / Carmen

Carmen, la bohémienne en marge de la société, n’aspire qu’à la liberté. Elle séduit Don José, un jeune brigadier déjà fiancé, déchiré entre le désir et les conventions sociales. Mais leur passion leur sera fatale. Dans cette forme intimiste, avec quatre pianos, le drame de Carmen est resserré ici sur la psychologie des personnages et sur la confrontation entre le collectif et l’individu, parce que Carmen est à la fois un drame intime et social.

Gisèle Halimi, une farouche liberté

Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette se partagent au plateau l’impressionnante trajectoire de vie et d’engagement de Gisèle Halimi. La voix de l’avocate féministe, dans le timbre de sa jeunesse et de son plus grand âge, retentit, raconte, interpelle dans la mise en scène épurée de Léna Paugam, qui en a découpé la matière dense dans les entretiens entre Gisèle Halimi et Annick Cojean, publiés sous le titre Une farouche liberté aux éditions Grasset.
A partir d’un découpage en quatre chapitres (« De l’indiscipline », « De l’engagement », « De la sororité », « De l’indignation »), les deux actrices évoquent ses grands combats, le premier étant une « grève de la faim » entamée à 10 ans pour ne plus servir ses frères. Ils seront sans répit, de la lutte anticoloniale pour l’indépendance de l’Algérie jusqu’à celle pour l’auto-détermination du peuple palestinien. Menacée de mort par l’OAS pour sa défense des militants du FLN et de Djamila Boupacha, œuvrant pour le droit des femmes à se réapproprier leur corps et à pouvoir avorter librement, Gisèle Halimi sera sur tous les fronts jusqu’à son dernier souffle. Une force de vie et de transformation transmise avec enthousiasme

OctOpus

Issu·es pour la plupart de la quinzième promotion du CNAC (Centre national des arts du cirque) et aujourd’hui installé·es à Saint-Agil, un petit village du Loir-et-Cher, les artistes de Cheptel Aleïkoum sont épris de liberté et de métissages. La multiplicité des sensibilités et des points de vue est la clé de voûte de leurs spectacles, insolites et partageurs. Sous toutes les formes et pour tous les publics, sous chapiteau, en salle, dans la rue, les membres de la troupe ne cessent de renouveler la relation à l’autre. Circa Tsuïca, un ensemble composé de circassien·nes multi-instrumentistes et chanteur·euses, en est l’une des formes les plus inventive.
Cette nouvelle création mêle musique populaire et fanfare des Balkans, jazz de la Nouvelle-Orléans et leurs propres compositions. Des chants et des rythmes viendront résonner et s’inviter dans les portés ou le vélo acrobatique, le main à main et les colonnes à trois, la bascule coréenne ou le hula hoop… Des expérimentations fantaisistes et impertinentes, pleines d’humour et d’émotions.

Si Vénus avait su

Fidèle à une démarche profondément ancrée dans le réel, la Compagnie Nova puise dans son travail d’immersion le matériau sensible et politique nécessaire à ses créations. Pour l’écriture et la conception de Si Vénus avec su, Margaux Eskenazi et Sigrid Carré-Lecoindre sont parties à la rencontre de ces métiers invisibilisés, les socio-esthéticiennes, des passeuses d’âmes et de soin. Après un long temps d’enquête sur différents territoires, où elles ont interrogé le lien entre beauté et invisibilité dans des structures où la question du soin est trop souvent passée sous silence, Margaux et Sigrid ont cherché à produire un récit poétique et drôle des corps à la marge.

Si Vénus avait su est une ode aux corps différents, accidentés et cicatriciels. Une ode à la réparation libérée de toute injonction. En tissant l’intime au politique, cette forme en itinérance avec une actrice et un acteur, se prépare à voyager sur le territoire dans des lieux nondédiés pour ouvrir le dialogue avec chacune et chacun autour de nos corps et nos vulnérabilités.

Le Bal marionnettique

L’amour et la mort donnent rendez-vous aux rôdeur·euses de la nuit pour danser tant qu’il en est encore temps. Danser sur nos illusions perdues, danser sur nos doutes et nos joies. Danser érotique, politique, ludique mais surtout marionnettique. Cent trente marionnettes à jupes longues et colorées, objets marionnettiques – dentiers, chapeaux-masques – et costumes attendent sagement sur les portants de part et d’autre de la scène.

Il n’y a plus ici ni public ni acteurs ou actrices, ni spectateurs ou spectatrices, mais seulement une foule accueillie au bal pour mettre en mouvement cette multitude d’êtres inanimés. En famille, entre amis ou avec vos voisins, entrez dans la danse et laissez-vous emporter. Car si vous ne venez pas à elles… les marionnettes viendront vous chercher !

Promo du Web à 13€ sur la séance du dimanche