Par la mer (quitte à être noyées)
Trois femmes qui n’auraient pas dû se rencontrer se retrouvent dans une maison au bord de la mer. L’une vient de perdre sa mère, l’autre de fuir son pays, la troisième de quitter son travail. Dans un émouvant élan de sororité, elles tissent les fils de ce conte populaire et politique.
Comment vivons-nous avec celles et ceux qui ne sont plus là ? Quelle place leur laisse-t-on ? L’autrice et metteuse en scène Anaïs Allais Benbouali fait cohabiter les mort·es et les vivant·es. Dans une maison qui prend l’eau, Houda, Max et Assia apprivoisent leurs fêlures, dialoguent avec leurs vulnérabilités. Le ressac des marées fait remonter à la surface leurs questionnements les plus intimes.
Au plus proche de ses personnages, Anaïs Allais Benbouali révèle l’extraordinaire de ces vies ordinaires. Remarquée pour ces dernières créations Au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été ou Lubna Cadiot (x 7) et soutenue par le Théâtre de la Colline, l’autrice franco-algérienne s’attache à tracer des lignes entre les deux rives de la Méditerranée. Ici, c’est Houda qui a quitté le Maroc, pleine d’espoir. Elle débarque dans la maison que Max a achetée, car, au bled, on lui a indiqué qu’elle y trouverait refuge. Dans ce huis clos inattendu aux fulgurances oniriques, ces femmes de trois générations revisitent leur mémoire enfouie. L’écume y fait singulièrement bouillonner les questions de l’exil, de la perte, de l’hospitalité et de la transmission.